Dans sa chronique économique de ce mardi 26 juillet, Jean-Baptiste Giraud, directeur de la rédaction d'economiematin.fr, se penche sur la guerre des prix du carburant.
La guerre du plein est belle et bien lancée. Et elle pourrait même faire des victimes. C’est en tout cas la crainte du patron du syndicat des pompistes indépendants, Francis Pousse. Il anticipe une baisse des ventes de 30 à 50 % à cause de la remise de 20 centimes d’euros annoncée par Total en septembre.
Il n’a pas tort : comme Total dispose de ses propres puits de pétrole, de ses propores raffineries et bien évidemment de ses stations services, il peut répartir l’effort sur toute la chaîne de valeur. A l’inverse, le pompiste indépendant, lui, revend un produit acheté à un grossiste, et sa marge, c’est son salaire. Voilà donc un nouveau problème qu’on n’avait certainement pas anticipé à Bercy.
Rappelons qu’en 40 ans, le nombre de stations services en France a été divisé par 4. Les stations services de supermarché se taillent la part du lion avec plus de 60 % des ventes de carburant à la pompe. Vous ne serez donc pas étonné d’apprendre que ce sont-elles, les stations de supermarché, qui s'apprêtent à riposter à la remise de Total avec le plus de poigne.
En pôle position on trouve Casino, qui reconduira vendredi et samedi prochain et jusqu’à la fin de l’été son offre de carburant à 85 centimes le litre. Concrètement, vous passez à la pompe, vous payez le prix affiché, mais si le prix au litre est de 1 euro 85, et que vous avez pris 50 litres, vous repartez avec un bon d’achat de 50 euros à utiliser le jour même ou le lendemain. Loin derrière on trouve Leclerc, qui annonce les carburants à prix coûtant dans toutes ses stations de supermarché pour le week-end de chassé croisé.
Pour l’instant pas d’autres annonces dans la grande distribution, mais les patrons des grandes enseignes sont conscientes du risque réel que leurs clients changent leurs habitudes, changent de magasin, juste pour faire leur plein moins cher. Certains espérent attirer leurs clients avec d’autres opérations promotionnelles hors carburant. C’est pour cette même raison que l’on s’attend également à une riposte tarifaire du côté des concurrents directs de Total, comme Esso ou encore Shell, qui sont placés aux mêmes endroits en ville, et bien sûr, sur autoroute.
Une chose est sûre, la bataille du plein le moins cher va faire rage, et elle va faire des morts. Une station qui perd 30, 50 % de ses volumes de vente ne peut pas résister très longtemps.