Dans sa chronique économique de ce lundi 25 juillet, Jean-Baptiste Giraud, directeur de la rédaction d'economiematin.fr, revient sur l'accord entre le mouvement présidentiel Renaissance et Les Républicains pour faire baisser le prix des carburants à la pompe.
30 centimes contre 18 centimes actuellement, ce ne sera évidemment pas neutre lors d’un passage à la pompe dans quelques semaines, lorsque la mesure entrera en vigueur, même si ce n’est malheureusement pas pour tout de suite mais pour la rentrée.
Cette baisse sera surtout particulièrement sensible si l’on ajoute à ces 30 centimes, les 20 centimes de rabais promis par TotalEnergies.
On a du mal à imaginer que les autres réseaux de stations-service et les supermarchés, qui vendent plus de la moitié du carburant en France, ne feront pas aussi un effort, quand bien même certains prétendent avoir une marge de manœuvre très réduite.
Mais ces remises créent autant de problèmes qu’elles n’en résolvent. Du côté des taxes tout d’abord. Le mouvement des gilets jaunes a été déclenché par une augmentation du prix des carburants de quelques centimes, à cause de la taxe carbone. A l’époque, le gouvernement prétendait ne pas pouvoir baisser les taxes sur les carburants, et c’était d’ailleurs encore la ligne de défense de Bruno Le Maire la semaine dernière. Pourtant, la ristourne est belle est bien une baisse de taxes même si elle n’est pas estampillée comme cela.
Comme cette remise de 30 centimes est provisoire, elle doit passer à 20 centimes en novembre, puis, à 10 centimes en décembre. Pas sûr que les automobilistes soient ravis de voir les prix remonter à ce moment-là.
Autre problème, cette fois, pour TotalEnergies. L’entreprise a réalisé un bénéfice record de 15 milliards d’euros l’an dernier, et de 5 milliards au premier trimestre, et annoncera ses résultats pour le second semestre jeudi matin, à 8h00. Je peux vous assurer que si Total fait autant de bénéfices qu’au premier trimestre, voir plus encore, les 20 centimes de remise consentis par Patrick Pouyané vont paraître largement insuffisants pour beaucoup de monde, et pas seulement sur les bancs de la Nupes ou du Rassemblement national, mais aussi chez Les Républicains, voire, à Renaissance et au gouvernement.
La taxation des super-profits remise sur la table ?
La remise de 20 centimes était justement la riposte de l’entreprise pour éviter une super-taxe, mais en effet, si le résultat du premier semestre atteint ou pire, dépasse les 10 milliards d’euros de bénéfices sur six mois, la position de l’entreprise va être difficile à tenir.
Sachant que Total vend 10 milliards de litres de carburants par an en France une simple petite règle de trois permet d’évaluer le coût de la remise consentie à 500 millions d’euros. Rappelons tout de même que la France ne représente que 20 % du chiffre d’affaires de Total.