Depuis plusieurs mois, les pots de moutarde se font rares dans les magasins alimentaires, en raison de l'effondrement de la production de graines de moutarde au Canada. Cela va-t-il encore durer ?
De Paris à la Bretagne, en passant par le sud de la France et même... à Dijon : tout le pays est concerné par la pénurie de moutarde. En cause ? L'effondrement de la production au Canada, premier exportateur de graines de moutarde dans le monde. Et cela pourrait encore durer.
Une production en chute libre
Pour cause, en 2021-2022, «on estime que la production de graines de moutarde a chuté de 28 %» au Canada, selon un rapport du ministère canadien de l'Agriculture daté de décembre dernier, et ce, parce que le pays a notamment été victime d'une terrible sécheresse qui a décimé les plantations.
Un effondrement qui a deux conséquences irréversibles : l'augmentation du prix moyen de la tonne de graines, qui avait atteint un record cet hiver, à 1.700 dollars (1.510 euros). Soit quasiment le double qu'en 2020-2021 et une chute de 50 % de la production de moutarde en France.
[A dérouler]
Comment le changement climatique au Canada a multiplié par deux le prix de la moutarde à Dijon #AFP 1/10 pic.twitter.com/KRxLnqpuNe— Agence France-Presse (@afpfr) December 18, 2021
Car la région de Dijon, où se trouve la très grande majorité des fabricants de moutarde français, dépend très largement des agriculteurs canadiens pour la fabrication de ce condiment consommé dans le monde entier.
Une pénurie au moins jusqu'en fin d'année
Pas de changement attendu encore donc, même si le ministère de l'Agriculture canadien estime qu'en 2022-2023, «les producteurs vont réagir aux prix élevés du marché en maximisant la superficie ensemencée». Avec, à la clé, un possible «retour à la normale» ou «légèrement inférieur à la normale» en termes de rendement.
Pour autant, la pénurie devrait encore «se faire ressentir toute l'année», comme le dit aux Echos la multinationale néerlando-britannique Unilever, premier producteur de moutarde dans le monde. «Il nous manquera plus d'un tiers de nos besoins en graines de moutarde pour assurer nos volumes de production 2022», craint la société, spécialiste du secteur de l'agroalimentaire.
Elle espère néanmoins «retrouver les approvisionnements habituels dès réception de la prochaine récolte de graines en octobre 2022». En France, nul doute que les rayons vont continuer à être clairsemés dans les prochains mois.
«La production française ne pourra pas satisfaire la demande nationale», a en effet déploré Marc Désarménien, le directeur général de la moutarderie Fallot, dans Les Echos. La moutarde à l'ancienne va encore se faire désirer.