La Première ministre Elisabeth Borne a, ce mercredi 6 juillet, présenté sa feuille de route devant le Parlement à l'occasion de son discours de politique générale prononcé à l'Assemblée nationale. Voici ce qu'il faut retenir de sa prise de parole.
Unité du pays, dialogue et compromis, la Première ministre Elisabeth Borne a tracé, ce mercredi 6 juillet, la ligne politique de son gouvernement face aux parlementaires, cela quelques minutes seulement après qu'une motion de censure a été déposée à l'Assemblée par quatre groupes de gauche.
En théorie, si cette motion est adoptée, le gouvernement fraîchement nommé pourrait être renversé. Et si les chances sont minces, le vote aura quoi qu'il en soit lieu dès après-demain, vendredi 8 juillet.
«Ensemble» : un discours d'unité
L'unité a été au coeur du discours de la Première ministre qui a répété à de très nombreuses reprises le mot «Ensemble». Elisabeth Borne a indiqué souhaiter axer le travail de son gouvernement sur le dialogue avec les autres forces de l'Hémicycle. «Ensemble, nous travaillerons en bonne foi et en bonne intelligence comme nous le demandent les Français», a-t-elle déclaré.
Durant cette déclaration de politique générale de près d'une heure et demie, Elisabeth Borne a aussi insisté sur le besoin de dialogue entre les différents groupes de l'Assemblée, ayant pour cela un mot pour chacun des présidents et présidentes de groupes à l'exception de Mathilde Panot et Marine Le Pen, respectivement présidentes des groupes LFI et RN.
Un «oubli», qui trouve une résonance dans les propos du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui estimait mardi matin sur RMC, «nous n'avons pas à discuter, à négocier avec le RN ou la France Insoumise»
Malgré cela, Elisabeth Borne a assuré qu'elle entendait travailler de concert avec les oppositions tout au long du quinquennat.
«Les Français nous demandent de nous parler plus, de nous parler mieux et de construire ensemble. Nous répondrons présents. Je veux qu’ensemble nous redonnions un sens et une vertu au mot compromis. Cela ne signifie nullement le renoncement», a-t-elle martelé.
Le premier défi : l'urgence du pouvoir d'achat
La Première ministre a estimé que l'urgence la plus forte à laquelle devait répondre son gouvernement, mais également les élus de la République, était celle du pouvoir d'achat.
Un pouvoir d'achat très fortement fragilisé par la crise sanitaire mais également par la guerre menée par la Russie en Ukraine et qui bouleverse la croissance française et européenne.
Si Elisabeth Borne a rappelé que de nombreuses mesures pour le pouvoir d'achat avaient été prises dès l'automne dernier, elle a précisé que son gouvernement ne comptait pas stopper ses efforts.
Ainsi, à la veille de la présentation d'un projet de loi dédié, le gouvernement mené par Elisabeth Borne entend prendre «face à l'inflation, des mesure concrètes, rapides et efficaces». L'ancienne ministre du Travail a donné comme exemple le plafonnement de la hausse des loyers, la baisse de certaines charges ou encore la revalorisation des retraites et des prestations sociales.
La Première ministre a rappelé qu'il était néanmoins important de surveiller les Finances publiques et d'atteindre une responsabilité budgétaire. Elisabeth Borne a cependant temporisé : «Nous devons cesser de croire qu’à chaque problème la solution est une taxe, donc pas de hausse d’impôts»
La réforme des retraites et le plein emploi
Pour Elisabeth Borne le retour du plein emploi est l’une des solutions à la crise du pouvoir d’achat en France. Celle qui fut ministre du Travail au cœur de la crise du Covid-19 a estimé dans sa déclaration, que le plein emploi «n’est pas une illusion, ni un but inatteignable.»
Pour ce faire, son gouvernement va mener une réforme de l’accompagnement des chômeurs jugés trop complexe. Pôle emploi est donc voué à disparaître au profit de France travail, un organisme d’accompagnement des chômeurs ayant un fonctionnement plus efficace et moins complexe.
L’enseignement est aussi un des points d’action pour tendre vers «la société du plein emploi». Ainsi, la Première ministre souhaite que les lycéens aient la possibilité de découvrir un plus grand panel de métier mais également encourager l’apprentissage. Elisabeth Borne a estimé que «grâce au plein emploi que nous pourrons financer notre modèle social.»
Abordant le sujet épineux de la réforme des retraites, Elisabeth Borne, a dû faire face à une explosion des contestations au sein de l’Hémicycle en provenance des rangs des oppositions qui ne souhaitent pas voir la réforme aboutir.
De vives contestations qui n’ont pas refroidi la Première ministre qui a estimé que, «pour la prospérité de notre système, nous devrons travailler progressivement un peu plus longtemps.» Mais, a-t-elle encore temporisé, cette réforme «ne sera pas à prendre ou à laisser mais elle sera indispensable. Mon gouvernement la mènera dans la concertation avec les partenaires sociaux et en associant les parlementaires.»
Agir durablement face à l’urgence climatique
L’autre «clé» de l’action du gouvernement Borne II se trouve dans la transition écologique. La Première ministre a exprimé son intention de «faire bloc» avec les oppositions pour lancer «engager des transformations radicales». Elle a cependant précisé : «Je ne crois pas un instant que cette révolution climatique ne passe par la décroissance au contraire la révolution écologique que nous voulons mener passe par des innovations».
Parmi les mesures que le gouvernement Borne souhaite mener, le renforcement de MaPrimeRenov, pour réduire les consommations inutiles dans les logements mais également l’intention de l’État de détenir 100% du capital d’EDF. Le sujet de la renationalisation du groupe avait déjà été évoqué il y a plusieurs mois.
L'investissement pour la transition écologique passera également par le renforcement des transports propres avec un souci tout particulier pour «le ferroviaire qui est la colonne vertébrale du transport propre», a rappelé la Première ministre dans sa déclaration.
La protection de la faune et de la biodiversité fait également partie des objectifs du gouvernement d'Elisabeth Borne et notamment dans les territoires d'Outre-mer, «trésors inestimables de biodiversité».
Pour réussir ce défi de la Transition écologique, la Première ministre d'Emmanuel Macron a rappelé que «chacun doit y prendre sa part, c’est la condition de la réussite.»
Bâtir la République de l’égalité des chances
Celle qui a succédé à Jean Castex a également abordé, dans sa déclaration de politique générale, l'intention de son gouvernement de «bâtir la République de l’égalité des chances». Une égalité des chances qui a pour «volonté de briser les inégalités de destins de permettre à chacun de choisir son avenir», a-t-elle précisé.
Le projet de la «République de l’égalité des chances» se construira en collaboration étroite avec les élus locaux afin d'adapter les solutions aux problèmes et particularité des territoires de métropoles mais également d'Outre-mer.
Pour ce faire, le gouvernement entend mettre en place des mesures pour pallier le manque de solutions de garde des enfants mais également venir financièrement en aide aux familles monoparentales.
L’éducation sera au cœur de ce projet qui doit « conforter les savoirs fondamentaux, lire, écrire, compter et respecter autrui» mais également offrir «aux enseignants la reconnaissance et la place qu’ils méritent» via une revalorisation salariale notamment.
L'importante lutte contre l'insécurité
Une «République de l’égalité des chances» qui doit également passer par un combat contre l’insécurité. «Combat pour la sécurité est un combat pour l’égalité» a estimé Elisabeth Borne avant d'exprimer son soutien aux forces de l’ordre.
«J’ai confiance dans nos forces de l’ordre et j’ai le plus grand respect pour elles (…) honte à ceux qui attaquent systématiquement nos policiers et nos gendarmes, honte à ceux qui tentent de dresser les Français contre ceux qui les protègent», a-t-elle déclaré.
La Première ministre a donc confirmé la création d'une loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur. «Il ne doit pas y avoir de zone blanche de la sécurité» a-t-elle estimé, prévoyant la création de 200 nouvelles brigades partout en France.
50.000 nouveaux postes dans le secteur de la Santé
La Santé ne sera pas oubliée par le gouvernement d’Elisabeth Borne. Du moins c'est ce qui a été promis. La Première ministre a abordé le problème du manque de professionnels lors de sa déclaration de politique générale. Un problème qui, a-t-elle assuré, n’est «ni nié, ni occulté».
La situation est vouée à durer quelques années mais sera prise à bras le corps. Le gouvernement prévoit donc la création de «50.000 postes d’infirmiers et d’aides-soignants». À cela s’ajoute la volonté de réduire la part d’administratifs des professionnels de santé pour accroître leur efficacité.
SOUVERAINETÉ FRANÇAISE ET PUISSANCE EUROPÉENNE
Elisabeth Borne a également affirmé l’importance de renforcer la souveraineté française précisant cependant, «souveraineté cela n’est ni le repli sur soi ni l’exclusion». Une souveraineté qui doit se conjuguer avec un renforcement de la coopération européenne.
«Une Europe plus forte c’est une France plus forte» a déclaré la Première ministre rappelant que « l’Union européenne nous protège et nous projette dans l’avenir » en cette période d’instabilité mondiale causée notamment par la guerre en Ukraine et par les positions russes.