Les élections législatives ont plongé la France dans une situation presque inédite. Sans majorité absolue, le gouvernement aura besoin de trouver des alliés sous peine d'être dans l'impossibilité de faire passer ses lois. Une mission pour Olivier Véran, nouveau ministre des Relations avec le Parlement.
Il se retrouve encore au centre de l’action gouvernementale. Après avoir été au coeur de la gestion de la crise du covid, Olivier Véran, ex-ministre de la Santé devenu ministre délégué chargé des relations avec le Parlement au sein du gouvernement d’Elisabeth Borne, va devoir affronter un nouveau défi de taille.
Avec la majorité relative obtenue par Ensemble, le parti présidentiel, il devra en effet manœuvrer pour rallier des députés appartenant à des partis différents du sien. Sous peine de voir le gouvernement être impuissant.
un rôle dans les coulisses
Le ministre chargé des relations avec le Parlement a plusieurs prérogatives qui vont devenir prépondérantes dans les semaines qui viennent. En effet, en plus du lien qu'il incarne entre le corps exécutif et le corps législatif, il a de nombreuses autres missions.
Son rôle consiste à faciliter les relations entre les pouvoirs législatif et exécutif. Pour ce faire, il est constamment présent dans toutes les étapes des projets de lois, de leur élaboration à leur présentation devant l'Assemblée nationale, pesant et soupesant chaque risque potentiel lié à ces textes afin de les éliminer ou, à défaut, de les minimiser.
Il tient aussi un rôle décisif quant aux modalités de présentation d'un texte devant le palais Bourbon. Il peut par exemple suggérer au Premier ministre d'engager la procédure accélérée pour passer un texte, ce qui permettra, de fait, de le voter plus rapidement, en réduisant la durée des débats. Il peut aussi inviter le Premier ministre à engager la responsabilité du gouvernement sur un texte, permettant au gouvernement de forcer l'adoption de celui-ci (sauf si l'Assemblée est déterminée à le renverser).
Le ministre est enfin chargé d'apprécier les éventuelles difficultés techniques ou politiques qui viendraient perturber l'adoption d'une loi.
un CASSE-TÊTE LÉGISLATIF
Et justement des «difficultés techniques et politiques», Olivier Véran devrait en affronter un grand nombre avec la fragmentation de l'Assemblée nationale. Celle-ci va impliquer des tractations visant à constituer, non plus seulement une alliance, mais une majorité permettant de gouverner au palais Bourbon. Ce qui ne pourra pas se faire sans accorder quelques concessions aux forces d’opposition. «Ce qui est sur la table, c'est d'identifier une majorité pour pouvoir avancer, réformer et transformer notre pays», a-t-il déclaré la semaine dernière.
Pour réussir à gouverner ces cinq prochaines années, il devra aider Emmanuel Macron à rallier au moins une partie des forces d'opposition. Un gouvernement d'union nationale, pourrait les y aider. Mais si cette hypothèse a été évoquée par le chef de l'Etat, lorsqu'il a reçu successivement tous les chefs des partis d'opposition mardi dernier, la majorité d’entre eux ont décliné l'offre.
Pourtant, un remaniement est déjà au programme avec la démission attendue de Justine Benin secrétaire d’Etat chargée des outre-mer, battue dans la 2e circonscription de Guadeloupe, celle de Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et des solidarités, battue par une candidate RN dans le Pas-de-Calais, et enfin celle d’Amelie de Montchalain, ministre de la Transition écologique, battue dans la 6e circonscription de l'Essonne.
Le tout étant de savoir de quelle ampleur sera ce remaniement, et si il laissera place à un gouvernement «d'ouverture». Réponse très prochainement, puisque le président de la République a demandé à Elisabeth Borne de former ce gouvernement «de combat» pour les premiers jours de juillet.