Dans un contexte de crise du pouvoir d’achat avec une inflation inédite, les magasins ouvrent ce mercredi leurs portes pour la première journée des soldes d'été.
Les soldes d'été s'ouvrent mercredi dans un contexte d'inflation inédit depuis 30 ans, qui rend encore plus incertain ce temps fort de la consommation en France déjà bousculé ces dernières années par le Covid.
Dans la plupart des départements, les soldes doivent durer jusqu’au 19 juillet. Exceptions, dans les Alpes-Maritimes démarrent le 6 juillet et le 13 juillet en Corse.
Cette année, il est «difficile de savoir exactement» comment les consommateurs vont se comporter lors des soldes d'été, a confié à l’AFP Gildas Minvielle, directeur de l'observatoire économique de l'Institut français de la mode (IFM).
Le moral des ménages durement éprouvé
Outre l'inflation qui a accéléré en mai à 5,2% sur un an et touche de nombreux postes de dépenses (énergie, transports, alimentation), le moral des ménages -qui joue dans leur envie de consommer- a aussi été durement éprouvé depuis le début de l'année, notamment par le variant Omicron, a ajouté le directeur du IFM.
Ainsi, si 82% des Français ont prévu de profiter des soldes cet été, 35% vont «se concentrer sur les achats incontournables et nécessaires», d'après un sondage réalisé par la plate-forme de commerce conversationnel Heyday.
La donne est également compliquée du côté des commerçants, et cela pour de multiples raisons. Les chaînes d'approvisionnement sont perturbées par le Covid-19, la guerre en Ukraine ou encore l'engorgement des ports chinois. En effet, 71% d'entre eux ont connu des retards de livraison voire des livraisons seulement partielles, selon une enquête réalisée aurpès des professionnels par le Syndicat des indépendants et des TPE.
Les soldes arrivent trop tôt pour Stéphane Rodier, patron de trois boutiques de prêt-à-porter haut de gamme à Granville, Saint-Malo et Avranches et trésorier de la Fédération nationale de l'habillement (FNH). Pour lui, il est «ahurissant de vendre les produits d'été en soldes, au moment où il faut les vendre plein pot», le lendemain du début de l'été. Il espère refonder le système des soldes.
Des soldes trop précoces ?
Dans un communiqué, la FNH a ainsi demandé de «prendre exemple sur l’Allemagne, où il n’y a plus de périodes de soldes réglementées depuis 2004, et de laisser aux commerçants le soin d’organiser leurs semaines de soldes, dont la durée resterait strictement encadrée, en fonction de la dynamique de leurs territoires et de leur situation économique».
Francis Palombi, président de la Confédération des commerçants de France, qui représente les indépendants, s'oppose également à la date du 22 juin, trop précoce, et proposait «le 6 juillet au plus tôt» dans un récent courrier destiné au ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
«Les grands groupes de la distribution, les grandes enseignes n’ont pas le même modèle économique avec des gros coefficients de revente. De ce fait, ils sont toujours demandeurs de dates de soldes avancées», alors que «nos commerçants vont perdre de l'argent», a-t-il regretté.
«On n'a encore jamais vu de période lors de laquelle le pouvoir d'achat baisse, où les ventes de biens discrétionnaires (non essentiels) ne baissent pas», a expliqué à l'AFP Clément Genelot, analyste financier spécialiste du secteur de la distribution chez Bryan, Garnier & Co.
Sans oublier un dernier facteur d'incertitude : les préoccupations environnementales des consommateurs, qui se tournent massivement vers les articles de seconde main.