Du 19 juin au 30 juin, les 530.000 candidats au bac général et technologique seront évalués lors du Grand oral. Une épreuve redoutée mais accessible, à condition de suivre quelques conseils avisés.
Après les épreuves écrites, les candidats du baccalauréat 2023 on encore une dernière échéance. Ils doivent maintenant passer leur Grand oral, qui se tient dès ce lundi 19 juin et jusqu'au 30 juin. L'épreuve doit se dérouler en trois temps. En amont, les élèves ont choisi et travaillé deux sujets liés à leurs enseignements de spécialité. Le jour J, les jurés choisissent l'un des deux thèmes, et le candidat dispose de 20 minutes pour se préparer, avant de le présenter à l'oral. Par la suite, cet exposé fait l'objet d'un échange avec le jury, puis, lors de la troisième et dernière étape, l'élève présente son projet d'orientation.
Soigner la préparation
Pour Bertrand Périer, avocat spécialiste de l'art oratoire et formateur du concours Eloquentia, la première clé est simple : «répéter, répéter et répéter». Il conseille aux élèves de s'exercer autant de fois que nécessaire avant l'épreuve, «devant des publics divers» qui ne sont pas spécialistes du sujet de l'exposé. Cela permet, selon lui, d'avoir des «avis neutres» sur la présentation et de repérer ce qui, dans l'argumentation, manque potentiellement de clarté ou de conviction.
Par ailleurs, l'avocat conseille d'anticiper les 20 minutes de préparation accordées le jour du Grand oral. «Il faut que les candidats sachent ce qu'ils vont faire de ce temps-là, développe-t-il. Ils peuvent s'aider de notes, donner au jury un schéma, une carte, un plan. Ce doit être défini en amont».
Eviter d'apprendre par coeur
Lorsqu'on n'a pas l'habitude de s'exprimer à l'oral, l'apprentissage par coeur peut paraître rassurant. Mais, en réalité, c'est prendre le risque d'ajouter «au stress de la prise de parole en public le stress du trou de mémoire, argumente Bertrand Périer. Il faut y aller avec une idée claire de ce qu'on va dire, mais pas nécessairement des mots qu'on va utiliser. L'important ce sont les idées, pas les mots».
Méky Labarbe, lauréate du concours Eloquentia Bordeaux et Meilleure oratrice francophone de l'année 2021, partage cet avis. Elle estime qu'il vaut mieux éviter de «réciter». Lorsqu'on sait ce qu'on va dire sans avoir appris par coeur, la parole et le débit sont plus naturels. Spontanément, «on fait des silences» qui donnent l'occasion de «reprendre sa voix, ses esprits et permettent à ceux qui écoutent d'assimiler ce qu'on vient de dire».
Prendre son temps
Pour certains candidats, le fait de devoir prendre la parole en public est source de stress. Cette anxiété est naturelle mais elle ne doit pas devenir paralysante. Pour aborder l'épreuve de manière plus sereine, Méky Labarbe conseille de «ne pas se précipiter».
«Rien ne presse, assure-t-elle. Les candidats peuvent tout à fait prendre quelques secondes pour prendre connaissance des lieux, du jury, mettre un visage sur ces jurés qu'ils ont tant imaginés». Il ne faut pas hésiter à les regarder, à se présenter également. Il s'agit en fait de prendre le temps nécessaire pour se sentir prêt et «en confiance».
Penser à la voix et à la posture
Bertrand Périer estime que la meilleure solution est encore de «rester simple» en la matière. Il conseille aux lycéens de «ne pas chercher à faire des effets» et de «parler comme s'ils parlaient à un adulte qu'ils ne connaissent pas». Méky Labarbe suggère par ailleurs d'enregistrer les répétitions réalisées en amont de l'épreuve, afin de «prendre conscience de la manière dont on s'exprime» et de l'améliorer.
Il n'est pas nécessaire de chercher à mettre au point une gestuelle compliquée. L'essentiel est de se sentir à l'aise, en évitant de se parasiter soi-même. Par exemple, le fait de trop croiser les bras ou les jambes, attitude souvent dictée par le stress, peut mener à une perte d'équilibre suffisante pour «faire perdre ses moyens» au candidat, souligne Méky Labarbe.
La Meilleure oratrice francophone de l'année 2021 recommande donc «de garder les bras le long du corps pour éviter les gestes parasites» ou d'«entrelacer ses doigts» si l'on ne sait «pas quoi faire de ses mains».
Etre soi-même
Pour un Grand oral réussi, les deux experts prônent authenticité, sincérité et transparence. «Votre parole reflète votre personnalité, affirme la lauréate du concours Eloquentia. Il ne faut pas jouer un jeu ou se mettre à la place de quelqu'un d'autre. Vous avez plus de risque de vous laisser déstabiliser si vous n'êtes pas vous-mêmes».
Bertrand Périer encourage d'ailleurs les candidats à parler d'eux. «Dites-vous qu'on cherche à mieux vous connaître. Expliquez pourquoi vous avez choisi ce sujet, s'il est lié à l'un de vos hobbies, à un stage que vous avez fait ou à votre projet d'orientation». Le conseil est également valable si l'élève rencontre des difficultés pendant l'épreuve : «Si ça ne va pas, il faut le dire, insiste l'avocat. Si on sent qu'on perd ses moyens, qu'on a perdu le fil ou qu'on ne connaît pas la réponse à une question. Le jury vous aidera et vous tendra une perche».
Ces deux habitués de la prise de parole en public enjoignent les élèves à se faire confiance. «Ils ne doivent pas oublier qu'ils sont maîtres de leur sujet, ajoute Méky Labarbe. Ils ont travaillé dessus, le connaissent et sont capables de le présenter». Ne reste plus qu'à respirer, se lancer et faire entendre sa voix.