Les actions se multiplient pour endiguer et encadrer le phénomène des livraisons et des courses express dans les grandes villes. La mairie de Paris dit vouloir infliger, d'ici à début juillet, les premières pénalités financières aux «grands acteurs» et leurs entrepôts, appelés «dark stores», ne respectant pas les règlementations en matière d'urbanisme.
C'est une procédure inédite. «Nous serons en mesure, d'ici à quinze jours, de mettre les premières astreintes, car c'est à la main de la ville et nous allons taper vite et fort», a affirmé le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire lors d'une présentation de la stratégie de logistique urbaine de la ville.
Emmanuel Grégoire veut ainsi «prendre à la gorge», à raison d'astreintes financières de 500 euros par jour et de 25.000 euros maximum par entrepôt, les grands opérateurs de «dark stores», qui «pour beaucoup sont dans une illégalité totale».
Ces «entrepôts fantômes» sont considérés par la mairie et les services de l'urbanisme comme des entrepôts, alors que les locaux dans lesquels ils ont été installés sont le plus souvent des locaux commerciaux. Les riverains protestent généralement contre les nuisances générées, notamment par le va-et-vient des livreurs.
Anne Hidalgo demande la fermeture de 45 entrepôts
La capitale compterait désormais, selon Emmanuel Grégoire, une centaine de ces commerces, en plein essor depuis les restrictions de déplacement destinées à endiguer l'épidémie de Covid-19.
Mais la maire hausse le ton depuis plusieurs mois. Fin mars, le bras droit d'Anne Hidalgo avait demandé aux chaînes de fermer 45 de ces magasins/entrepôts où les livreurs vont chercher les produits à livrer, «créés illégalement» dans la capitale.
«Certains ont joué le jeu tout de suite», fermant une dizaine de sites, «mais certaines marques renommées prennent le risque (de ne pas fermer) parce qu'elles (...) ont tellement d'argent qu'elles s'en moquent», affirme M. Grégoire.
19 des 23 entreprises en activité sont à Paris
Ce «sentiment d'impunité» des chaînes de «dark stores» est selon lui renforcé par l'engorgement judiciaire qui éloigne dans le temps les perspectives de condamnation. «Si au moins un des dossiers pouvait passer, symboliquement, pour servir d'exemple et de jurisprudence très claire, ça nous aiderait collectivement », estime l'adjoint à l'urbanisme qui a écrit en ce sens à la procureure de Paris.
Paris représente 32 % des dépenses du «quick commerce» français et concentre 19 des 23 entreprises en activité, selon une proposition de résolution déposée mi-mars à l'Assemblée et visant à réglementer ces commerces sur les aspects sociaux et de distorsion de concurrence.
«Enfin, la ville se saisit des moyens à disposition pour réguler l'installation de ces entrepôts», a réagi auprès de l'AFP la députée et conseillère de Paris (Modem) Maud Gatel, à la tête de cette proposition.