Une abstention record est prévue pour le premier tour des élections législatives 2022, avec 52,5% d’électeurs qui n’ont pas voté, selon l’estimation OpinionWay pour CNEWS. A quels candidats ou partis politiques profite ce fait ?
Les élections législatives 2022 devraient connaître un nouveau record d’abstention, avec 52,5% d’électeurs qui ne se sont pas déplacés dans les bureaux de vote dimanche 12 juin, selon l’estimation OpinionWay pour CNEWS. Une tendance qui influe logiquement sur les résultats du scrutin, car tous les partis ou candidats ne sont pas égaux face à cette abstention.
Analyser à qui elle profite et à qui elle fait perdre des voix revient à observer quel est le profil des abstentionnistes. La première chose à noter est qu’une différence de mobilisation se fait en fonction de l’âge des personnes. En effet, si l’on prend comme exemple le premier tour de l’élection présidentielle 2022, l’Ipsos indique que près de la moitié des 18-24 ans (42%) et des 25-35 ans (46%) n’étaient pas allés voter. Au contraire, chez les 60-69 ans, seulement 12% s’étaient abstenus.
Emmanuel Macron profite de la mobilisation de son électorat
Or, dans les résultats, Marine Le Pen avait devancé Emmanuel Macron dans toutes les classes d’âge, sauf chez les plus de 60 ans. Mais ces derniers s’étant déplacés bien plus nombreux aux urnes, il en avait en partie profité pour distancer sa concurrente. Jean-Luc Mélenchon, arrivé en tête chez les moins de 35 ans, avait lui aussi pâti du fait qu’ils sont ceux qui votent le moins.
Toujours pour cette même élection, 33% des ouvriers avaient refusé de se rendre aux urnes, contre 26% des cadres et 27% des professions intermédiaires et des employés. En regardant les revenus mensuels des foyers, les plus défavorisés sont aussi ceux qui votent le moins (34% d’abstention chez ceux qui touchent moins de 1.250 euros, 29% pour la catégorie 1.250-2.000 euros, 25% pour les 2.000-3.000 euros et 23% pour ceux disposant de plus de 3.000 euros net par mois).
Là encore, cette abstention des plus pauvres avait désavantagé Marine Le Pen, qui dépassait les 30% de soutien chez les foyers les moins riches, tandis qu’Emmanuel Macron franchissait cette barre chez ceux touchant plus de 3.000 euros par mois. Jean-Luc Mélenchon avait lui un électorat plus équilibré entre les moins et les plus aisés.
Les sympathisants de gauche en masse chez les abstentionnistes de la présidentielle
De fait, un fort taux d’abstention semble donc plutôt profiter au camp d’Emmanuel Macron, car son électorat à tendance à se mobiliser en plus grande nombre que celui de ses adversaires. En cas de forte abstention, c’est celui de Marine Le Pen qui semble être le plus propice à déserter les bureaux de vote.
Reste que des études se penchant sur les caractéristiques politiques des abstentionnistes montrent que les sympathisants de gauche sont les moins motivés à aller voter. En effet, une publication Ifop-Fiducial prenant en compte la présidentielle 2022 indique que 59% des abstentionnistes se positionnaient spontanément à gauche et 39% se disaient proches d’un parti de gauche.
Les grandes manœuvres de Jean-Luc Mélenchon pour former l’alliance Nupes aura peut-être servi à relancer la mobilisation dans ce camp, pour ces législatives.