Les soignants étaient faiblement mobilisés ce mardi, afin de dénoncer les conditions de travail des soignants et le manque d’effectif, qui pousse à fermer des services. A un mois des vacances d’été, la question est plus que jamais cruciale.
La situation était déjà qualifiée de critique avant la période du Covid-19, et la pandémie n’a fait qu’empirer les choses. L’hôpital public va très mal en France. Ses salariés et ses soignants étaient appelés par de nombreux syndicats et collectifs à une journée de mobilisation ce mardi 7 juin. Le but était d’alerter, s’il le faut encore, sur la situation des services avant l’été, et rappeler que la grogne n’a jamais cessé d’exister.
Alors que le principe de continuité des soins rend difficile une grève dans les hôpitaux, le mouvement a été faiblement suivi. A Paris, entre 200 et 300 personnes ont manifesté devant le ministère de la Santé. Des chiffres similaires ont été recensés à Toulouse, Grenoble et Nantes, notamment.
«Il va y avoir des décès évitables»
Cette mobilisation visait dénoncer la crise qui touche les services, et particulièrement ceux des urgences. Face au manque de soignants et à leur épuisement, 120 d’entre eux ont déjà été forcés de suspendre partiellement ou complètement leurs activités, ou s’y préparent, selon l’association Samu-Urgences de France.
La période estivale pourrait empirer les choses, laissant les patients en danger. «Il va y avoir des décès évitables, des décès illégitimes. C’est ça notre angoisse», prévient Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur et fondateur du collectif Santé en danger. Les syndicats indiquent dans leur appel à la grève qu’il faut s’attendre à «compter les morts», si rien n’est fait.
Des solutions, mais à long terme
Cette crainte est d’autant plus forte que des solutions à court terme semblent difficile à mettre en place. Car la «politique de restriction» à l’hôpital, mise en place depuis de très longues années, a causé de telles pertes au sein du personnel qu’il semble impossible d’y remédier rapidement. «Le jeu des chaises musicales, en prenant des soignants à un endroit pour les mettre à un autre, ça n’est pas une solution, pointe ainsi Arnaud Chiche. Pour cet été, je ne sais pas ce qu’il va se passer et je suis très inquiet».
A plus long terme, les demandes se concentrent sur la nécessité de redonner une attractivité aux métiers du soin. Ratio de patients par infirmière, planning, revalorisation salariale, travail de nuit mieux rémunéré… Les solutions sont multiples. «La santé a besoin d’investissement», conclut Arnaud Chiche. En espérant que l’Elysée, plus que simplement entendre le message, prenne le problème de l’hôpital en main.