Rachida Dati, maire du 7e arrondissement de Paris, a signalé Gilles Le Gendre, ex-président du groupe des Marcheurs à l'Assemblée. Elle le met en cause concernant des affaires de harcèlement sexuel et moral.
La majorité présidentielle est à nouveau secouée par de graves accusations visant l'un de ses membres. Gilles Le Gendre, ancien président du groupe La République en marche (LREM) à l'Assemblée nationale, fait l'objet d'un signalement auprès de la procureure de la République. Rachida Dati, maire Les Républicains (LR) du 7e arrondissement de Paris, est à l'origine du courrier qui l'incrimine.
Datée du 30 mai, la missive a été révélée par le Canard enchaîné et Le Parisien. Elle pointe le fait que le député de la 2e circonscription de Paris, candidat à sa réélection pour les législatives des 12 et 19 juin, a été «mis en cause publiquement à plusieurs reprises, depuis 2020, dans des affaires de harcèlement moral et sexuel».
L'ancienne garde des Sceaux s'appuie notamment sur un communiqué daté du 27 février 2020, dans lequel les sept organisations syndicales de collaborateurs parlementaires réagissaient aux propos tenus par Gilles Le Gendre lors d'une matinale de France Inter.
Ce dernier avait déclaré «ne pas avoir connaissance de cas précis de harcèlement moral et sexuel à l'Assemblée nationale» ce qui, selon ces organisations, constituaient des «allégations mensongères». Elles assuraient alors lui avoir signalé de tels délits concernant au moins un député du groupe.
Rachida Dati cite également un article publié par Mediapart le 25 mai 2022 pour soutenir que Gilles Le Gendre a lui-même fait l'objet de mises en causes publiques liées à des «comportements inappropriés» à l'égard d'au moins une collaboratrice parlementaire.
La maire du 7e arrondissement de Paris évoque aussi un message posté sur Facebook le 29 mai 2022 par Joachim Son-Forget. Le député des Français de l'étranger, membre du groupe parlementaire LREM jusqu'à la fin de l'année 2018, avait présenté Gilles Le Gendre comme «le chef des députés LREM soupçonné lui-même d'abus sexuels».
La «non-dénonciation de délit»
Joachim Son-Forget indiquait alors avoir «des noms et des témoins» et avançait que la vérité avait «été étouffée en donnant des postes à ceux qui devaient se taire et en changeant le chef de file des députés En Marche».
Le signalement réalisé par Rachida Dati repose sur l'article 40 du code pénal, qui contraint toute autorité à dénoncer un délit ou crime dont elle aurait connaissance. La maire du 7e arrondissement de Paris considère que les points soulevés nécessitent l'ouverture d'une enquête puisqu'ils interrogent «sur la non-dénonciation de délit de la part du groupe dont Gilles Le Gendre était le président et dont il avait connaissance- voire de crimes si les limites du harcèlement avaient été franchies».
Le principal intéressé s'est défendu au travers d'un communiqué, jugeant qu'«il est facile d'imaginer les motivations de cette témoin de moralité autoproclamée [...] à quelques jours d'une élection dans une circonscription dont je suis le député sortant et elle, l'une des maires, soutien de l'un de mes concurrents».
Gilles Le Gendre affirme avoir déjà été confronté à ces «rumeurs» qui, selon lui, ont déjà fait l'objet de «vérifications nécessaires». Il précise avoir demandé à son avocat d'engager des poursuites pour «dénonciation calomnieuse».