Visé par une plainte déposée par un client, le groupe Lactalis est mis en examen pour escroquerie, tromperie et fraude. L'entreprise est accusée de falsification de denrées alimentaires.
Estimant avoir été «trompée», la société Serval, spécialisée dans l'aliment d'allaitement pour veaux, agneaux et chevreaux, avait déposé plainte contre Lactalis fin 2018.
Une information judiciaire pour falsification de denrées alimentaires a été ouverte et a abouti à la mise en examen du géant laitier pour escroquerie, tromperie et fraude.
Dans un communiqué publié mardi 31 mai, le parquet de Rennes écrit : «A l'issue de son interrogatoire de première comparution du 5 avril 2022, la SNC Lactalis Ingrédients a été mise en examen pour des faits de pratique commerciale trompeuse entre 2011 et 2016, falsification de denrée alimentaire, boisson ou produit agricole, escroquerie».
Auprès de l'AFP, le groupe Lactalis a confirmé sa mise en examen, «dans le cadre d'un litige commercial de 2017 avec la société Serval portant sur la fourniture d'un ingrédient pour l'alimentation animale». Une formulation que l'avocat de la société Serval, Me Alexandre Varaut, a tenu à corriger puisque, selon lui, les chefs d'escroquerie, fraude et tromperie montrent «que ce n'est pas un litige commercial mais bien pénal».
Dans le cadre de cette information judiciaire, ouverte le 24 septembre 2018, le juge d'instruction avait «donné commission rogatoire» à l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (OCLAESP).
La plainte déposée par Serval, avec constitution de partie civile, faisait état d'une tromperie sur la nature, l'espèce, l'origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en principes utiles de toutes marchandises.
Le préjudice reste à chiffrer
En octobre 2019, le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, indiquait ainsi qu'«aux dires de Serval, la marchandise qui lui est livrée depuis plusieurs années est un lactosérum de mélange et non de vache. En outre ce produit serait "composé de lactosérum et de perméat, sous-produit laitier d'un taux de protéine nul et contenant une faible proportion de matière azotée non protéique, la principale étant l'urée"».
«On a vraiment été trompés, s'indigne Alexandre Varaut. Pendant des années on leur fait confiance, on reçoit leur produit, on s'en sert pour faire nos produits et on découvre par hasard que ce qu'ils nous livrent n'est pas ce qu'on leur avait commandé et que ça leur permet de faire d'énormes économies sur notre dos.»
Indiquant que le montant du préjudice subi n'est pour l'instant pas chiffré, l'avocat insiste sur le fait qu'il faudra y ajouter «le dommage moral d'avoir été trompé pendant des années».
Le groupe Lactalis compte 85.000 employés dans 84 pays, 266 sites de production dans 51 pays et indique un chiffre d'affaires de 20 milliards d'euros sur son site internet. A l'heure actuelle, la société Serval, qui dénombre une centaine d'employés, n'entretient plus de relation commerciale avec le géant laitier.