Covid-19, guerre en Ukraine, aléas climatiques... la situation économique en France et à l’échelle mondiale est très dégradée. Dans ce contexte, le terme de «stagflation» revient dans les propos de certains commentateurs ou politiciens. Que signifie-t-il ?
La stagflation, comme son nom l’indique, est la conséquence d’une stagnation de la croissance, associée à l’inflation.
Le tout sur une période longue. Il n’est donc pas juste de parler de stagflation sur un ou deux mois, voire sur un trimestre.
Ce phénomène intervient en principe lorsque l’économie est violemment bousculée. Le modèle le plus marquant reste le choc pétrolier des années 1970, survenu en deux temps (1973 et 1979) : la baisse de l’offre a frappé la croissance, tandis que la hausse des prix a participé à l’inflation. Ce qui a conduit à une stagflation.
Une stagflation possible aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le risque de subir une nouvelle période de stagflation est réel. La fin des périodes de confinements et de restrictions dues au Covid-19 ont entraîné une soudaine hausse de la consommation, mettant en difficulté certaines chaines d’approvisionnement.
Le mécanisme de l’offre et de la demande a donc enclenché une première hausse des prix. Puis, la guerre en Ukraine a donné un nouveau choc à ces prix, spécifiquement sur les énergies et les matières premières.
A ce contexte s’ajoute le choix actuel des ménages français d’épargner, plutôt que de dépenser, rappelle l’AFP. De fait, la croissance est faible.
L’Insee a ainsi indiqué que la croissance de l’Hexagone est à l’arrêt au premier trimestre (nulle à 0 %). Dans le même temps, l’inflation a été mesurée à 4,8 % sur un an. Les conditions, si elles durent plusieurs trimestres, seraient donc là pour parler d’une stagflation, avec les répercussions qu’elle entraîne sur l’emploi, la production et les prix.
Reste que l’investissement des entreprises est toujours fort et que les mesures du gouvernement, comme le chèque énergie, peuvent permettre d’éviter ce scénario, a indiqué à nos confrères Pierre Jaillet, chercheur à l’Institut Jacques-Delors.
Quelles solutions ?
La politique du gouvernement est un moyen de contrer ce phénomène, en soutenant les ménages et les entreprises pour relancer la croissance. Un autre est la politique budgétaire, au niveau d’un Etat ou de l’Europe.
Dans ce dernier cas, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui tient les rênes, via les taux directeurs. Elle peut les relever pour contrer l’inflation, mais avec le risque de freiner aussi la consommation et les investissements (le coût des emprunts augmenterait). La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a récemment fait savoir qu’une première hausse pourrait avoir lieu cet été.