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Grippe aviaire : l'épizootie décroît après avoir entraîné l'abattage record de 16 millions de volailles

En France, l'épizootie de grippe aviaire a commencé en novembre dernier et, depuis, 16 millions de volailles ont été abattues. Un triste record qui laisse la filière fragilisée, même si aujourd'hui le phénomène décroît.

D'après le ministère de l'Agriculture, «le pic épidémique» a en effet «été passé à la fin du mois de mars». «L'épizootie décélère» donc, après avoir été plus virulente que d'ordinaire.

Habituellement, les crises liées à la grippe aviaire restent globalement circonscrites au Sud-Ouest du pays, en particulier aux élevages de canards destinés à la production de foie gras. Les 500 foyers recensés en 2021, par exemple, avaient conduit à l'abattage de 3,5 millions d'animaux, qui étaient essentiellement des canards.

Alors que, depuis novembre, ce sont 1.364 élevages qui ont été touchés par le virus, dont 857 foyers en Vendée et dans les départements limitrophes. Les animaux malades sont tués et ceux qui sont sains subissent le même sort, par prévention.

Sans compter que, pour la première fois, les oiseaux sauvages ont contaminé des élevages lors de la remontée de leur migration des pays du Sud, tels que l'Afrique et le sud de l'Europe ou du bassin méditerranéen. Cela a entraîné une deuxième vague, en train de prendre fin.

«On a longtemps dit que la période à risque était du 15 novembre au 15 janvier», remarque Gilles Salvat, directeur général délégué au pôle recherche de l'agence sanitaire (Anses). Mais, «si la migration remontante est aussi massivement contaminée dans les années qui viennent, la période à risque va s'étendre sur presque la moitié de l'année et c'est un vrai problème, notamment pour les volailles élevées en plein air».

Des crises aux coûts considérables

Le vice-président de l'interprofession de l'oeuf (CNPO), Loïc Coulombel, explique qu'il faut compter «un temps de décontamination obligatoire de 21 jours consécutifs» avant de pouvoir repeupler un élevage décimé. Puis «la zone passe au stade de la "surveillance" et il faut encore attendre trois semaines supplémentaires», ajoute Christophe Labour, responsable syndical FNSEA dans les Pays de la Loire.

Chacun de ces jours de vide sanitaire constitue un manque à gagner pour les éleveurs. Les crises à répétition génèrent des coûts considérables en raison des arrêts de production et la fermeture de marchés à l'exportation. La facture est également salée pour l'Etat, qui indemnise les professionnels pour les animaux abattus et les pertes économiques induites.

Selon les chiffres de la CNPO, depuis novembre la grippe aviaire a engendré une perte «d'environ 6% de la production nationale d'oeufs dans un pays en auto-suffisance à 101%». L'indice des prix agricoles de l'Insee montre par ailleurs que le prix des oeufs a augmenté de 13% entre février et mars et de 63,3% entre mars 2021 et mars 2022. Ce, en raison d'une très forte augmentation du coût de production, liée à la guerre en Ukraine.

Les professionnels du secteur estiment qu'il faudra attendre la fin de l'année, voire le début de l'année prochaine pour retrouver l'ensemble de la production perdue lors de cette épizootie. A supposer, bien sûr, qu'un nouvel épisode de grippe aviaire ne se déclare pas à l'automne.

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