Ils y ont cru jusqu’au bout. Malgré une fin de campagne compliquée, à coup de sondages qui prédisaient une réélection d’Emmanuel Macron, les soutiens de Marine Le Pen voyaient leur favorite créer la surprise et s’imposer dans cette présidentielle 2022.
Même lors du décompte pour arriver à 20h, moment où le résultat allait être donné, le pavillon d’Armenonville, où la candidate du Rassemblement national avait rassemblé ses troupes pour cette fin de campagne, résonnait aux cris de «Marine, Marine». La ferveur, qui avait décollé seulement quelques minutes auparavant, était bien sincère, les supporters présents espérant de tout cœur voir s’afficher l’image de leur championne.
Ce ne fut pas le cas. Quelques sifflets et une petite bronca ont plutôt salué la victoire d’Emmanuel Macron. Puis, très rapidement, comme pour se redonner du courage, les «Marine, Marine» ont repris.
«Comment le peuple peut encore voter Macron ?»
Les instants qui ont suivi ont été une accumulation d’incompréhension, de déception et de colère. «Les Français viennent de réélire un mec (sic) qui les a insultés pendant cinq ans, qui a diminué leur pouvoir d’achat», s’emportait ainsi un sympathisant. «Ce type (Emmanuel Macron, sic) est une honte».
Les militants RN se montraient extrêmement surpris du choix des Français. «On dirait qu’ils aiment qu’on leur appuie sur la tête», poursuivait le sympathisant. «Ils ont le syndrome de Stockholm, plus on les écrase, plus ils sont contents». «Comment le peuple, qui a tant souffert, peut encore voter Macron ?», s’interrogeait un autre. «Je ne sais pas ce qu’il leur faudrait de plus».
«La propagande a marché»
D’autres, laissant leur déception prendre le dessus, n’hésitaient pas à pointer les «moutons», qui ont cru aux «dernières promesses» du président sortant. Au détour de certaines conversations, les commentaires se faisaient encore plus amers : «je suis sûr que c’est truqué», «la propagande a marché».
«On est allé jusqu’à comparer Marine Le Pen aux nazis, est-ce que c’est normal ?», s’emportait une militante. Avant de reprendre : «c’est quand même encourageant pour la suite, notre score est meilleur qu’en 2017 (33%)».
Difficile de se tourner vers les législatives
Car cette soirée électorale, si elle est venue clore la course à la présidentielle, a aussi marqué le départ d’une nouvelle, celle des législatives. Et si les sympathisants étaient peu nombreux à se porter vers cette prochaine échéance, les mots de Marine Le Pen à la tribune ont rappelé que leur combat n’était pas terminé. «Nous lançons ce soir la grande bataille électorale des législatives», a-t-elle annoncé. «Je la mènerai au côté de Jordan Bardella avec tous ceux qui ont eu le courage de s’opposer à Emmanuel Macron au second tour, bref, avec tous ceux qui ont la nation chevillée au corps».
Autour d’un verre, les sympathisants envisageaient alors les manœuvres futures pour «empêcher Macron d’avoir une majorité». «Les alliances (avec le camp d’Eric Zemmour ou certains Républicains), c’est en haut que ça se décide», expliquait l’un d’eux. «Mais si on doit en faire pour avoir des sièges, alors il faudra en faire».
Les discussions ont soudainement été interrompues avec l’arrivée de Marine Le Pen dans la salle, créant un attroupement autour d’elle, où, en se faufilant entre les nombreux journalistes, les militants sont venus la saluer et la soutenir. Malgré la déception, la motivation était toujours là.