Avec 57,9 % des voix, Emmanuel Macron est réélu pour 5 années supplémentaires à la tête de l’Etat. À la différence du premier quinquennat, ce second mandat promet d’être «tendu» dès le départ pour le président compte tenu des défis qui l’attendent.
Guerre en Ukraine
A l’heure où Emmanuel Macron est (re)nommé président de la République, la guerre en Ukraine en est à son 60e jour. Alors que la France est toujours à la tête du Conseil de l’UE, le chef de l’Etat devra gérer les différends qui s’imposent concernant la question du gaz et du pétrole russe.
Emmanuel Macron compte néanmoins poursuivre le «dialogue de sourds» avec Vladimir Poutine pour obtenir un cessez-le-feu en Ukraine. «Ce rôle de dialogue avec le président russe est ingrat, je passe des heures à discuter. Le cynisme est au rendez-vous de chaque discussion, ce n'est jamais une partie de plaisir... Mais c'est mon devoir», avait-il affirmé dans les colonnes du Parisien le 7 avril.
Une économie fragile
La situation dans l’autre côté de l’Europe pèse lourd sur l’économie mondiale en général, et française plus précisément provoquant notamment une pénurie de blé et d’huile et une hausse des prix sur quelques aliments, dont les céréales.
La croissance pourrait perdre deux points par rapport aux 4% qu’on pouvait escompter selon Patrick Artus, chef économiste de Natixis.
Hormis la croissance déjà amputée par la situation en Ukraine, Emmanuel Macron devra faire face à l’inflation. Alors qu’elle tournait autour de 4,5% en mars, celle-ci pourrait s’accélérer durant le deuxième mandat du président fraîchement réélu en raison de la pénurie alimentaire, affectant le pouvoir d’achat, première grosse préoccupation des Français.
Si Emmanuel Macron a fait face à la crise sanitaire, il devra néanmoins subir les conséquences. Avec un déficit commercial qui s’élève à 84,7 milliards d’euros, le pire de son histoire, et une dette à 112,9% du PIB en 2021, soit 2813.1 milliards d’euros, la France risque d’emprunter de nouveau massivement, alors que les taux d’intérêt ne cessent de grimper.
Faire face aux fractures
Au cours de son premier mandat, Emmanuel Macron a fait face à plusieurs contestations. Crise des gilets jaunes, réforme des retraites, pass vaccinal... Le président a fait l’objet de vives contestations au sein de l’électorat français et a provoqué quelques malaises à cause de certains de ses sorties, telle que sa volonté «d’emmerder les non-vaccinés».
Une situation qui pourrait affaiblir l’adhésion à sa «nouvelle» politique.
D’autant plus que 40% des Français gagnant moins 1.600 euros par mois ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle ou se sont abstenus permettant au candidat Insoumis d’enregistrer un score inédit. Un résultat qui ne peut que prouver la fracture sociale au sein de la société française.
Terrorisme, voile, immigration et logement, des défis de taille qui attendent Emmanuel Macron et qui ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines.
A noter que, dans son programme, Emmanuel Macron prévoit également de conditionner le Revenu de solidarité active (RSA) et d'instaurer la «solidarité à la source» pour le versement des aides sociales.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre
Alors que canicules et inondations se multiplient sous l'effet du réchauffement de la planète, un des défis sera réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici à 2030 (par rapport à 1990), comme la France s'y est engagée dans le cadre des accords de Paris.
Cela passe par une décarbonation des transports, de l'agriculture, de l'énergie... d'autant que l'engagement devrait être relevé dans le cadre des nouveaux objectifs climatiques de l'Union européenne.
Selon le dernier rapport des experts climat de l'ONU (Giec) publié la semaine dernière, le monde a trois ans pour faire plafonner les émissions de gaz à effet de serre et espérer un avenir «vivable».
Conscient de cet enjeu, Emmanuel Macron a promis que son prochain Premier ministre serait «directement chargé de la planification écologique», avec l'objectif d'aller «deux fois plus vite» pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.