Un tournant majeur. Deux hommes de 27 et 23 ans ont été mis en examen et placés en détention provisoire après la mort de Jérémie Cohen, ce jeune de confession juive mortellement percuté le 17 février dernier par un tramway après avoir été frappé, a annoncé ce vendredi 15 avril le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Ces deux individus ont été mis en examen du chef de «violences volontaires en réunion» pour l'un et «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» pour le second, a précisé le procureur de Bobigny Eric Mathais.
Les mis en cause avaient préalablement été présentés à un juge d’instruction en vue de cette mise en examen. Selon les informations d'Europe 1, les deux hommes s'étaient présentés d'eux-mêmes aux services d'enquête.
Pour rappel, les faits s'étaient produits le mercredi 16 février vers 20h, lorsque Jérémie Cohen, âgé de 31 ans et porteur d'un handicap léger, traversait les voies ferrées quand il a été percuté par le tramway à Bobigny (Seine-Saint-Denis) juste après avoir été frappé par des jeunes. En arrêt cardio-respiratoire et victime d'un traumatisme crânien, il était décédé dans la nuit à l'hôpital.
Une agression à caractère antisémite ?
Six jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, l'affaire avait pris une dimension politique lorsque le candidat Eric Zemmour (Reconquête) s'était demandé si Jérémie Cohen était «mort parce que juif». La candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, lui avait emboîté le pas en évoquant un «acte criminel» qui «pourrait être un meurtre antisémite».
Face à l'avalanche de réactions politiques, le procureur de Bobigny Eric Mathais avait pris la parole la semaine dernière pour indiquer que l'enquête, ouverte pour «violences volontaires en réunion», ne permettait pas à ce stade d'établir de «motifs discriminatoires» dans la mort du jeune homme.
Lors d'une conférence de presse, la famille du jeune homme avait elle aussi appelé à «rester prudent» face aux affirmations d'un mobile antisémite.