Huit mois après le début du procès, Salah Abdeslam, seul survivant du commando terroriste du 13 novembre 2015, s’est exprimé ce mercredi 13 avril pour la dernière fois sur les attentats devant la cour d’assises spéciale de Paris, et a notamment expliqué pourquoi il a renoncé à se faire exploser.
Contrairement à son précédent interrogatoire où il avait fait usage de son droit au silence, Salah Abdeslam a décidé de répondre aux questions du président : «oui Monsieur le président, je vais m’exprimer aujourd’hui. Si j’ai fait usage de mon droit au silence, c’est que je ne me suis pas senti écouté (…) mais j’ai décidé de m’exprimer, c’est la dernière fois que j’aurai l’occasion de le faire», a-t-il déclaré ce mercredi.
Cet ultime interrogatoire porte sur les heures et les mois de cavale ayant suivi les attentats, les mois passés caché en Belgique jusqu'à son arrestation.
«Je vais pas le faire»
Salah Abdeslam a raconté devant la cour qu’il devait à l’origine se rendre en Syrie après les attentats, mais qu’Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire des attentats du 13 novembre, lui avait finalement annoncé qu’il allait devoir porter une ceinture explosive et se faire sauter. «Quand il m’a dit ça, c’était un choc pour moi. J’étais pas prêt pour ça, j’étais dans une impasse», a-t-il raconté.
Le jeune terroriste s'est finalement laissé convaincre et s'est alors rendu dans un café du 18e arrondissement de la capitale avec sa ceinture explosive le soir du 13 novembre, dans l’optique de se faire sauter. «Je vais commander une boisson, je regarde les gens autour de moi, et je me suis dit «je vais pas le faire». C’est là que j’ai renoncé», a-t-il expliqué.
« Abaaoud ne me dit pas les cibles mais il me dit que je devrai porter une ceinture et me faire exploser. Quand il me dit ça, c’était un choc pour moi. J’étais pas prêt pour ça, j’étais dans une impasse » #Abdeslam #13novembre @CNEWS
— Noémie Schulz (@noemieschulz) April 13, 2022
« Je sors, je vais vers l’objectif qu’on m’a donné. Je vais dans un café du 18e arrondissement. Je vais commander une boisson, je regarde les gens autour de moi, et je me suis dit « je vais pas le faire ». C’est là que j’ai renoncé » #Abdeslam #13novembre @CNEWS
— Noémie Schulz (@noemieschulz) April 13, 2022
Après son abandon, Salah Abdeslam a raconté avoir erré dans la capitale et dans la banlieue parisienne en se cachant, en attendant que deux amis viennent le chercher pour le ramener en Belgique. Ces deux amis, Hamza Attou et Mohammed Amri, ont tous les deux été interrogés par la cour d’assise mardi, et ce dernier a assuré qu’être allé à Paris récupérer Salah Abdeslam était «l’erreur de [sa] vie».
Il affirme ne pas avoir connu les cibles
Salah Abdeslam a aussi indiqué ce mercredi soir qu'il n'avait été mis au courant du projet d'attentat que le 11 novembre 2015, soit deux jours avant les faits, mais qu'il ne connaissait pas les cibles.
«Vous saviez que c'était des terrasses, une salle de concert ?», a questionné le président. «Non, non», a-t-il répondu. Concernant ce qu’il s’est passé au stade de France, «ce que je sais c'est que (les assaillants) doivent faire leur attaque, que je dois les déposer et après partir pour ma mission».
Il s'agit des ultimes interrogatoires des accusés lors de ce procès. Ensuite, trois jours seront dédiés aux expertises psychologiques et psychiatriques. Le procès sera ensuite suspendu une semaine fin avril, avant d'entamer à partir de début mai sa dernière ligne droite, avec les auditions de parties civiles et les plaidoiries de leurs avocats. Le réquisitoire du parquet national antiterroriste est prévu sur trois jours, du 1er au 3 juin, avant de laisser place aux plaidoiries de la défense. Le verdict de ce procès hors norme est attendu le 24 juin.