Arrivée en 6e position au premier tour de cette élection présidentielle avec 4,78 % des voix, Valérie Pécresse a tout simplement échoué à rendre à la droite ses lettres de noblesse. Vivement critiquée sur ses capacités à tenir la barre de sa campagne, la présidente de la région Ile-de-France se targue pourtant d'avoir su «se relever», après avoir «trébuché». Que va-t-elle devenir ?
«Malgré la passion qui m'anime, malgré la qualité de notre projet, je n'ai pas réussi dans cette campagne atrophiée et en l'absence de vrai débat à me délivrer de cet étau et à vous convaincre», a déclaré Valérie Pécresse, évoquant une «déception personnelle et collective». «J'assume toute ma part de responsabilité dans cette défaite», a-t-elle également affirmé, appelant à combattre l'extrême-droite et citant Jacques Chirac, qui avait martelé en 2007 que «tout dans l'âme de la France dit "non" aux extrémismes».
4,78 % des voix, un score historiquement bas
«Dans cette campagne, je suis venue devant les Français telle que je suis et telle que je resterai», avait-elle fait savoir quelques heures plus tôt, avant même que les premiers résultats tombent. Celle qui est présidente de la région capitale depuis plus de 6 ans entend bien rester sur le devant de la scène. «Vous m’avez vu gagner. Vous m’avez vu trébucher. Vous m’avez vu me relever. Vous avez découvert ma résistance. Ma vérité. Je ne lâche rien. Ce courage, je veux le mettre à votre service», explique-t-elle.
Une image de battante qu'elle a cultivé jusqu'au bout, alors même que les derniers sondages la faisaient invariablement chuter en-dessous de la barre symbolique des 10 %. Jusqu'à ces dernières estimations, qui la donnait à égalité avec Eric Zemmour, avec 9 % des voix. Avec un résultat finalement bien pire que prévu, avec 4,78 % des voix (selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur), l'ancienne ministre explose en vol et arrive très loin des 20 % de François Fillon, le candidat LR à la dernière élection présidentielle de 2017.
Une défaite qui laisse donc un goût amer à cette droite pourtant soudée derrière sa candidate, qui a presque osé y croire. Mais qui sort finalement terriblement affaiblie de ce scrutin, officiellement exclue du podium des grands partis français, derrière La République en Marche, Le Rassemblement National, La France Insoumise et même Europe Ecologie Les Verts. Sa campagne restant ainsi l'une des pires de l'histoire du mouvement gaulliste.
Un retour chez Les Républicains ?
Gardera-t-elle une place privilégiée au sein des Républicains malgré cette défaite cinglante ? Rien n'est moins sûr pour celle qui a quitté le parti le 5 juin 2019, quelques jours après la défaite historique de la liste du parti aux élections européennes. «Le parti est cadenassé de l’intérieur, dans son organisation mais aussi dans ses idées», avait-elle déclaré, avant de fonder elle-même son propre parti Libres !, en vue de sa réélection à la tête de l'Ile-de-France.
Pour autant, soutenue par le parti, Valérie Pécresse est désormais investie d'une mission et s'est même récemment inquiétée d'«une vague de dégagement et de colère» ressentie par ses électeurs. «Les Français ont l'impression qu'on les a privés de cette campagne, et c'est particulièrement vrai à droite», relève celle qui pourrait œuvrer à reconstruire la droite, au côté de Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez et Eric Ciotti.
Un avenir qui sera décidé dès lundi matin, alors que le président des Républicains, Christian Jacob, a convoqué les pontes du parti pour décider quel candidat ils soutiendront officiellement dans un premier temps, mais pour se remettre de cet affront ensuite, alors qu'il se pourrait que le parti risque même de ne pas se faire rembourser ses frais de campagne. Suivront sans aucun doute de grandes manœuvres pour reconstruire le parti.
«Un parti, ce sont des idées, une histoire, une audience, un siège, une structure avec plusieurs millions d’euros, des élus dans toute la France, un groupe à l’Assemblée et une majorité au Sénat», avait de son côté rappelé Aurélien Pradié, député du Lot et secrétaire général du parti au Monde, qui s'est refusé à enterrer le parti. «Nous aurons sûrement à reconstruire, mais pas à disparaître. Pour une génération, ce sera difficile, mais pour une autre, ce sera un beau défi», avait-il prédit.
Valérie Pécresse profondément affaiblie ?
Autre scénario probable : celui qu'elle retourne à son mandat de présidente de région. Un retour la queue entre les jambes certes, mais déterminée à mettre en place ce pour quoi elle a été (ré)élue : le parachèvement de la police des transports, le soutien aux jeunes actifs et un fort investissement dans les transports en commun. Ce qui est sûr, c'est que Valérie Pécresse est encore élue jusqu'en 2028 et tient les rênes de la région capitale d'une main de fer.
Elle devra tout de même relancer sa politique, qu'elle est accusée d'avoir quelque peu abandonnée ces derniers mois, «obsédée par la campagne présidentielle». Pour les socialistes, Valérie Pécresse est passée à côté du principal sujet de l'année 2022 : le vote du budget. Pour le conseiller régional socialiste Maxime des Gayets, elle a «tout ignoré» dans ce budget, notamment «la multiplication des plans sociaux», «la situation catastrophique du réseau des transports» et «l'état de vétusté des lycées publics».
Le groupe communiste avait quant à lui dénoncé «le double discours de la candidate Valérie Pécresse», lui reprochant notamment la «baisse de 75 % des aides d'urgence aux étudiants», alors même que les jeunes étaient l'un des grands thèmes de sa campagne. Elle devra finalement regagner la confiance de son équipe et des Franciliens, qui n'ont a priori pas voté pour elle ce dimanche.