Le procès de l'imam franco-syrien Bassam Ayachi s’est achevé ce vendredi 8 avril, à Paris, par un réquisitoire durant lequel la représentante du Parquet national antiterroriste (PNAT) a demandé une condamnation à cinq années de prison, dont deux ferme.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 13 mai à l'issue du procès du cheikh, considéré en Belgique comme un vétéran de l'islamisme radical et jugé depuis mardi pour ses activités dans la région d'Idlib entre 2014 et 2018.
Il s'agit, selon la représentante du PNAT, d'un personnage «insaisissable» aux «multiples implications en filigrane» dans de nombreuses procédures terroristes au fil des décennies, «sans jamais être condamné définitivement».
Parti en Syrie en 2013 pour «combattre al-Assad», cet homme, né en 1946 à Alep, «a fourni pendant plusieurs années des informations aux services de renseignement français et belge», une «collaboration avérée» par les éléments du dossier, a déclaré la magistrate.
Pour autant, «quand il donne des informations, il sert une double cause et ne renie pas son engagement jihadiste», a-t-elle estimé, requérant sa condamnation pour avoir exercé des responsabilités au sein du groupe islamiste Ahrar al-Sham et pour avoir noué des liens avec des membres du Front al-Nosra, alors affilié à al-Qaïda.
Selon la procureure, il a géré sur place un «tribunal islamique» et un «camp d'entraînement militaro-religieux», hébergé chez lui des jeunes sur lesquels il avait exercé une «importante influence idéologique et religieuse». La magistrate a cependant estimé que des contacts avec le Français Omar «Omsen» Diaby, considéré comme un recruteur de dizaines de jihadistes, ne pouvaient être retenus.
Jugé pour terrorisme
Si Ahrar al-Sham avait un «agenda national» en Syrie, il a été considéré comme «terroriste» sur la période des faits par la justice française dans ses dernières décisions, a conclu la procureure. Elle a requis cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, assortis d'un suivi socio-judiciaire de cinq ans avec l'interdiction d'être en contact avec des personnes condamnées pour terrorisme ou en zone irako-syrienne.
Quant à l'avocat de l'imam, ce dernier a plaidé la relaxe en soutenant que son client avait «participé à des groupes terroristes, pour lutter contre eux, justement». «On vous demande de prendre une décision sur la base d'éléments dont vous n'avez pas connaissance», a aussi soutenu Maître Joris Monin de Flaugergues en rappelant le refus, dans cette procédure, de déclassifier des documents secret-défense par le ministère des Armées.
Le parquet a également requis dix ans d’emprisonnement assortis d’une peine de sûreté des deux tiers à l’encontre de Hachimi M., ancien garde du corps de l’imam en Syrie. Cet ingénieur informatique franco-algérien de 33 ans, parti s’installer en 2012 au Japon, avait rejoint la Syrie en 2014 avec son épouse japonaise convertie.