Une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale a été ouverte le 31 mars dernier par le parquet national financier (PNF), apprend-on ce mercredi, après la publication du rapport du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques.
Dans ce rapport, la commission d'enquête du Sénat avait accusé les entités françaises du cabinet américain McKinsey d'optimisation fiscale, de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.
Ce rapport, daté du 16 mars, indique que les contrats avec les cabinets de consultants avec «plus que doublé» entre 2018 et 2021, pour un montant record de «plus d'un milliard d'euros» sur l'année 2021.
L'enquête du Parquet national financier, ouverte après plusieurs vérifications, a été confiée au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF), précise Jean-François Bohnert, le procureur de la République à la tête du PNF, dans ce communiqué qui ne mentionne pas le nom de McKinsey.
Un tournant avant le premier tour ?
Alors que les Français sont appelés aux urnes ce dimanche 10 avril, pour le premier tour de la présidentielle, cette enquête pourrait relancer la polémique et, potentiellement, rebattre certaines cartes.
Les oppositions politiques au président Macron avaient demandé à plusieurs reprises l'ouverture d'une enquête concernant le cabinet de conseil McKinsey. L'intéressé avait rétorqué dimanche 27 mars, que, «s'il y avait des preuves de manipulation, que cette affaire aille au pénal».
Le président candidat a estimé notamment que le non-paiement de l'impôt sur les sociétés par McKinsey s'expliquait par les règles fiscales en vigueur.
Dimanche dernier, le chef de file des députés LREM, Christophe Castaner, a dénoncé une «opération politique».