Comme lors de chaque élection présidentielle, les primo-votants ont la possibilité d’effectuer pour la première fois leur «devoir de citoyen». Une occasion, pour certains, de défendre une pensée, une conviction ou les idées d’un candidat.
C’est le cas d’Adam, étudiant de 20 ans en troisième année de Licence Science Politique à la Faculté de Droit et de Science Politique de l’Université de Rennes, qui a décidé de militer en faveur de l’écologie. «M’intéressant vivement à l’élection présidentielle, j’ai vu que Yannick Jadot passait en meeting à Rennes», raconte à CNEWS le jeune primo-votant. A l’issue de la séquence, il s’est alors rendu, avec une amie engagée sur les questions écologiques, à une discussion animée par le candidat à la présidentielle, autour d’un café.
«J’ai commencé à discuter avec des jeunes, ils m’ont expliqué les différents types d’engagements». Après cet échange, Adam a décidé de rejoindre «Les Jeunes Ecologistes», une association non-partisane, gérée par ses adhérents et reliée au parti Europe Ecologie les Verts. Petite subtilité, à contrario des «Jeunes avec Jadot», l’organisation dispose d’une charte d’autonomie. Ce qui permet aux membres d’être libres de leur vote.
«C’est ce qui me plaît dans cette association, je n’ai pas le couteau sous la gorge, confie Adam, c’est la liberté que nous pouvons avoir. Il y a un combat pour l’écologie mais il y a aussi la possibilité de mener d’autres projets».
En effet, les «Jeunes Ecologistes» se réunissent tous les mois en assemblée générale afin de discuter des futurs actions à mener, s’adaptant à l’actualité et aux causes. «Pour la journée du Droit des femmes, nous avons collé des messages pro-féministes avec de la mousse végétale. Nous avons aussi dénoncé le mal-logement et le harcèlement scolaire dont peuvent être victimes les jeunes».
«J’hésite encore dans mon choix»
S’il possède des convictions assumées, Adam n’est pas sûr de son vote pour autant. «J’hésite encore à faire mon choix». Le jeune homme s’octroie le temps de la réflexion, et ce pour une raison en particulier : la légitimité. «L’écologie a sa place sur un plan local. Sur le plan national, je dois évaluer la pertinence de voir l’écologie à une plus grande échelle». S’il est convaincu de voter pour Les Verts aux législatives, il doit encore aviser pour la présidentielle.
Il serait ainsi partagé entre Yannick Jadot, le candidat «capable de faire émerger cette fibre écologiste chez les gens», et Jean-Luc Mélenchon, chez qui «le programme écologique est également développé».
L’écologie trop «balayée» dans cette campagne
Selon les convictions d’Adam, «tout le monde devrait être écologiste» pour «offrir un futur aux nouvelles générations». Alors que les rapports du Giec se montrent de plus en plus alarmants, l’étudiant dénonce «un manque de prise de conscience».
Lors des actions de son mouvement, les militants, dont il fait partie, sont souvent confrontés à des gens intéressés, «mais qui ne connaissent pas les clés pour agir».
Un sujet préoccupant pour les Français mais «balayé d’un revers de la main» dans cette campagne présidentielle. «Hormis Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, les plus gros candidats n’en parlent pas assez».
En effet, le jeune primo-votant considère que, «l’élection se jouant pas mal à la télévision», l’écologie, «cause consensuelle parmi les candidats, sauf ceux d’extrême droite qui n’en parlent pas du tout», ne «fait pas assez vendre».
Pour s’informer sur les programmes des candidats, Adam a ainsi délaissé le petit écran pour Internet, notamment Youtube. «Nous ne retrouvons plus ce que nous voulons [à la télévision]», juge-t-il.
La stratégie de peur de l’extrême droite
Une déception des canaux historiques d’information qui se transforme même en rancœur pour le jeune écologiste. «Je trouve que le système médiatique devrait avoir honte d’avoir fait émerger un personnage comme Eric Zemmour par exemple». Après avoir traversé une période pandémique, pas totalement terminée en raison des vagues successives de Covid-19, Adam estime qu’il est «important de retrouver un sentiment d’union nationale».
Si l’écologie est reléguée au second rang, l’étudiant rennais considère que la droite et l’extrême droite en sont l’une des raisons. «L’extrême droite est à 30% en France avec une stratégie de peur, en plus de l’exposition médiatique. A force de parler constamment d’immigration et de sécurité, les gens terminent par y croire», regrette-t-il.
En attendant le 10 avril, date du premier tour, Adam continue de militer en faveur de ce qui l’importe, tout en profitant de la liberté d’action de son mouvement et ainsi parfaire sa réflexion pour son premier vote à l’élection présidentielle.