Six mois après l'installation des toxicomanes dans le square de la porte de la Villette (18e), jusqu'à 300 riverains ont à nouveau manifesté ce samedi pour exprimer leur colère face à l'inaction des pouvoirs publics.
«19e arrondissement. Quartier de la défonce». C'est la plaque symbolique qui a été inaugurée ce samedi par les habitants du nord-est parisien mais aussi des communes limitrophes de Pantin et d'Aubervilliers (93), toutes deux situées de l'autre côté du périphérique, à la frontière du square de la Porte de la Villette (19e).
Un quartier en souffrance
Ces derniers dénoncent une situation – censée être temporaire – qui ne cesse de s'aggraver, avec d'un côté une centaine de toxicomanes, consommateurs de crack, qui vivent dans la précarité la plus extrême, et de l'autre des riverains et commerçants qui se retrouvent impuissants face à la dégradation de leur quartier.
Avec @BertrandKern et @francletkarine au rassemblement organisé ce soir à Pantin par @Anticrack93. 6 mois après le déplacement à Forceval par @GDarmanin, la mobilisation pour des solutions dignes et durables prend de l'ampleur pic.twitter.com/vDBtP3gQtF
— François Dagnaud (@FrancoisDagnaud) March 26, 2022
«Depuis six mois, les riverains de Pantin, d'Aubervilliers et de Paris sont en souffrance. Depuis six mois, les pouvoirs publics et l'Etat en premier lieu est en défaillance. Depuis six mois, les usagers de drogue sont abandonnés à leur addiction et livrés aux mains du business sordide et morbide de leurs dealers», s'est ainsi insurgé François Dagnaud, le maire du 19e.
A ses côtés, Bertrand Kern, le maire de Pantin, a évoqué la violence et l'insécurité subies par les riverains du square, énumérant «les personnes agressées, victimes d'incivilité», «les voitures cassées» ou encore «les portes d'immeuble défoncées». Des «choses inacceptables» selon lui, appelant le préfet de police de Paris «à prendre ses responsabilités». «C'est lui qui a mis ces pauvres gens à cet endroit-là, c'est lui qui est responsable de cette situation dans nos quartiers, c'est à lui d'en assurer la sécurité», a avancé l'élu.
Des riverains désemparés
«Pendant six mois, ils n'ont dégagé aucune solution pour 100 à 150 personnes», a renchéri l'une des membre du collectif des riverains anti-crack 93, Dominique Gamard, qui considère la situation comme étant «assez scandaleuse».
«Soignez-les ! Protégez-nous», le slogan des riverains est resté inchangé depuis six mois. Parmi eux, tous ont une anecdote d'agressions ou de violences à raconter. Tous déplorent «de ne plus se sentir en sécurité», «la peur de se faire agresser» ou «de vivre au milieu des immondices».
«Où est l'hygiène ?», s'interroge ce riverain, qui affirme que les toxicomanes «font leurs besoins un peu n'importe où». «On a l'impression d'être la poubelle du 93», confie cette autre habitante du quartier.
Hier soir, rassemblés devant le «mur de la Honte» dressé sous le périphérique entre le square de la porte de la Villette (19e) et les premières habitations à Pantin, les élus et les riverains ont réitéré leur appel lancé à l'Etat : celui de prendre en charge les toxicomanes abandonnés ici.
Le 25 janvier dernier, la préfecture de police de Paris avait pourtant indiqué dans un communiqué avoir, sur demande du ministre de l’Intérieur, repéré un lieu appartenant à la SNCF dans le 12e de Paris afin d’y installer les consommateurs de crack. Une solution finalement écartée, face à la colère des élus.