Un énième drame au milieu de la violence du crack. Trois ans quasiment jour pour jour après les faits, une toxicomane de 46 ans a été jugée à 5 ans de prison, avec une obligation de soins, pour avoir poussé une jeune femme, aujourd'hui âgée de 34 ans, sur les rails du métro parisien.
Une peine bien moins lourde que celle requise par l’avocat général, qui avait réclamé huit ans de prison, avec un suivi socio-judiciaire de dix ans et une interdiction définitive du territoire français contre celle qui était notamment poursuivie pour «tentative d'homicide volontaire» et «usage de cocaïne».
Pour rappel, les faits remontent au 27 février 2019, vers 13h, sur le quai du métro de la ligne 12, à la station Gare Saint-Lazare. Là, une jeune Hongroise de 31 ans se trouve en tête de quai quand elle est projetée sur les rails par une autre femme âgée de 43 ans, alors que le métro arrive à pleine vitesse.
Si la victime de cette agression gratuite s'en sort, c'est uniquement grâce à la main tendue d'un homme qui assiste à la scène et la sauve in extremis en la remontant sur le quai. Choquée, elle souffre de quelques blessures au bras et au dos assez superficielles, compte tenu de la violence de l'attaque.
L'accusée pénalement responsable de ses actes
Sur le quai, celle qui l'a poussée n'est autre qu'une toxicomane au crack sans papiers ni domicile fixe, au parcours de vie cabossé. L'accusée, une Camerounaise âgée aujourd'hui de 46 ans, a toujours nié avoir voulu la tuer et a assuré qu'elle était «poursuivie par des bêtes et qu'elle voulait sortir du métro, empêchée par sa victime qui lui barrait la route».
Mais les images de vidéosurveillance sont sans équivoque : cette dernière a sciemment attendu l'arrivée du métro avant de pousser sa victime sur les voies. A partir de mercredi et jusqu'à vendredi, elle devra répondre de ses actes, alors que selon les expertises psychiatriques menées à son sujet durant l'enquête, son discernement au moment des faits était altéré mais pas suffisamment pour qu'elle soit jugée irresponsable.
Jugée pour «tentative d'homicide volontaire», elle le sera aussi pour «usage de cocaïne». Le jour du drame, cette toxicomane avait en effet reconnu avoir consommé une douzaine de bières et cinq galettes de crack, dérivé bon marché et très addictif de la cocaïne, dont la consommation à haute dose conduit à la précarité la plus extrême.
Consommatrice quotidienne d'alcool et de subutex, médicament de substitution à l'héroïne, elle dit également entendre des voix. Le résultat de près de trente années passées à la rue, depuis l'âge de 16 ans. Violée et violentée par son père, avant d'être prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance, elle est surtout le symbole de la complète déshérence dans laquelle vivent les centaines de toxicomanes, accros au crack, qui (sur)vivent dans le nord-est parisien.