Quelques mois avant la déflagration #MeToo, la plainte d'une femme pour viol libérait la parole d'autres se disant victimes des agissements d'un gérant de bars. Le procès de cet homme s'ouvre ce lundi devant la cour d'assises de Paris.
L'affaire débute le 28 mai 2017. Une jeune femme, serveuse dans l'un des établissements de nuit gérés par l'accusé de 41 ans, vient dénoncer un viol subi quelques heures plus tôt.
Aux policiers, elle explique avoir fêté l'anniversaire d'une amie dans le bar où elle travaille pour «Fabio» et bu de grandes quantités d'alcool sans avoir mangé.
Elle se souvient s'être retrouvée dans la cour derrière l'établissement avec son patron, qu'il l'a conduite dans son bureau, l'a allongée sur un canapé-lit. Selon ses déclarations, elle se réveille alors qu'il est en train de la pénétrer.
En déposant plainte, elle a relaté qu'une autre serveuse vient de quitter son emploi après un «incident» avec «Fabio».
Entendue à son tour, cette dernière dénonce une agression sexuelle deux mois plus tôt, dans le même bar. Elle affirme que Wilfried Nkongo l'a attirée à l'écart et embrassée de force tout en tentant de glisser une main sous sa jupe, alors qu'elle avait consommé alcool et cocaïne.
Informée de l'enquête, une troisième jeune femme demande à être auditionnée. Elle dénonce une agression plus d'un an plus tôt, en février 2016, toujours dans le même café.
Le gérant dément
Durant l'enquête des témoins dépeignent le gérant en «prédateur sexuel», offrant régulièrement cocaïne et ecstasy à ses jeunes serveuses ou clientes dans la cuisine du bar pour qu'elles ne soient plus «en état de lui résister».
D'autres employés notent le «comportement lourd» du mis en cause à l'égard des femmes, mais disent n'avoir jamais constaté de baisers forcés ou d'attouchements.
Confronté à ses accusatrices, Wilfried Nkongo maintient ses dénégations, arguant d'une possible «entente» entre les plaignantes. Il a été mis en examen en juillet 2017 et a passé environ vingt jours en détention provisoire avant d'être placé sous contrôle judiciaire.
Auditionnée en tant que témoin en mars 2018, une quatrième jeune femme a dénoncé deux agressions sexuelles à quelques mois d'intervalle, la première datant approximativement de mai 2016. Elle expliquait avoir craint qu'avant «sa parole ne soit pas entendue».
Deux autres faits ont été dénoncés au cours de l'information judiciaire.
Wilfried Nkongo est accusé d'avoir violé une autre femme en juillet 2018, dans sa maison du Var, alors qu'il était sous contrôle judiciaire.