La municipalité parisienne n'a pas rempli tous ses objectifs en matière de gestion des déchets, selon un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), qui sera vivement discuté au prochain Conseil de Paris qui s'ouvre ce mardi 22 mars.
C'est notamment le cas de l'objectif affiché de réduire de 10 % le volume des déchets fixé à l'horizon 2020 par une loi de 2015 et repris par le plan local de la prévention des déchets. Sur la période 2015-2020, la municipalité parisienne n'aura finalement réussi qu'à atteindre 5,5 %.
Une baisse «significative» mais qui reste «insuffisante pour atteindre l'objectif» selon la CRC, qui estime que même si la pratique du tri s'est développée dans la capitale, atteignant tout de même 40 % en 2019, «des progrès sont encore nécessaires pour améliorer l'efficacité du geste».
Des déchets en trop important volume
Autres sujets pointés par la CRC : celui des encombrants, dont les résultats sont «encore peu satisfaisants» et qui «ont continué d'augmenter malgré la verbalisation plus systématique» des dépôts sauvages, celui de la collecte des déchets organiques qui «se développe mais trop lentement», et celui du réemploi resté «à un niveau modeste».
Un constat partagé par Nour Durand-Raucher, élu EELV dans le 11e, qui estime que l'une des solutions au poids des encombrants devrait être «d'investir au maximum la filière du réemploi». «Nous avons tous déjà vu des encombrants déposés sur le trottoir en parfait état de marche», relève-t-il, estimant que «le problème à Paris, ce sont les Parisiens qui créent trop de déchets».
La CRC déplore en outre que les déchets organiques ne soient collectés que dans trois arrondissements et «seulement» auprès des ménages et des services municipaux, mais pas chez les restaurateurs. La collecte totale de 3.000 tonnes «paraît faible et très éloignée» de l'objectif prévu par la loi avec la généralisation du tri des déchets biodégradables d'ici à la fin de l'année 2023.
La gestion de la ville critiquée par l'opposition
«Nous n’avons pas tenu la plume des magistrats de la Chambre régionale, et pourtant, ils abondent en tout point sur ce que dénonce le groupe Changer Paris et sa présidente [Rachida Dati, ndlr] depuis des mois», a ainsi ironisé Nicolas Jeanneté, élu Changer Paris dans le 15e arrondissement.
Lui assure que depuis 2015 et l'arrivée d'Anne Hidalgo à la tête de la mairie, le volume des déchets est reparti à la hausse, passant de 450 kilos de déchets par habitant en 2015 à 470 kilos en 2018. Il critique également l'importance des éboueurs parisiens, au nombre de 6.000, qui bénéficient d'un régime «super dérogatoire» avec jusqu'à 32 jours de RTT.
A ce sujet, le rapport de la Chambre régionale pointe que certains personnels bénéficient d'un nombre de RTT supérieur à ce qui est prévu, et ce malgré un taux d'absence en baisse depuis 2017, et recommande à la Ville de «mettre en conformité» ces cycles de travail «avec le protocole relatif au temps de travail».
«Il y a un vrai problème de la propreté à Paris, on le sait», reconnaît de son côté Maud Gatel, la présidente du groupe des élus MoDem, Démocrates et Ecologistes au Conseil de Paris, qui évoque une «gouvernance de la propreté peu territorialisée» dans la capitale. «Depuis les récents changements [le «Big bang de la propreté», ndlr], ce le sera peut-être, mais il était temps», ajoute-t-elle.
L'élue rappelle aussi qu'il existe un certain nombre de «difficultés récurrentes», avec les matériels notamment, qui ne sortent pas assez souvent et restent dans les entrepôts, «alors qu'on en a bien besoin», mais aussi au sujet de la quantité des déchets triés ou encore des outils d'évaluation pour y remédier.
Les coûts de la collecte des déchets à Paris sont en effet «mal connus» regrette la CRC, qui révèle que la ville ne s'est pas dotée d'une comptabilité analytique «pourtant exigée par la loi» et rapporte qu'en parallèle, certaines «innovations coûteuses» n'ont pas eu les résultats escomptés.