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Fin du masque en intérieur : «c’est une décision prématurée», estiment certains Français

Dès ce lundi, le port du masque n'est plus obligatoire dans les lieux soumis au pass sanitaire Dès ce lundi 28 février, le port du masque n'est plus obligatoire dans les lieux soumis au pass sanitaire. [FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Vent de liberté pour certains, source d’angoisse pour d’autres : la fin du port du masque en intérieur dans les lieux soumis au pass vaccinal dès ce lundi fait débat. Si une majorité de Français dit se sentir soulagée de ne plus être obligée de le porter, pour d’autres, et notamment les personnes fragiles, c’est une décision prématurée.

Après l’explosion de cas de contamination liée à la vague Omicron, le gouvernement a finalement décidé de lâcher du lest et d’alléger progressivement les restrictions sanitaires. Les jauges dans les établissements ont été levées, les discothèques ont rouvert, et la consommation dans les stades, cinémas et dans les transports est de nouveau permise.

Cependant, l’abandon du masque obligatoire dans les lieux soumis au pass (cinémas, salles de concert, musées), concentre les inquiétudes de certains Français, toujours fragiles face au virus. C’est notamment le cas de Floriane, 36 ans, atteinte de la mucoviscidose et immunodéprimée en raison des traitements antirejet qu'elle doit prendre suite à une greffe du foie. «Pour moi, le masque était l’une des dernières mesures à enlever», estime cette mère de deux enfants âgés de 4 et 8 ans. Les vaccins contre le coronavirus réagissent beaucoup moins bien sur les personnes immunodéprimées, leur système immunitaire étant affaibli par des traitements ou une maladie. Floriane a, par chance, réagi à sa quatrième dose de vaccin, et a même attrapé le Covid-19 sans glisser vers une forme grave, mais reste inquiète de l’abandon du port du masque.

«Je trouve que c'est une décision très précoce. La société ne fait pas très attention aux personnes vulnérables, et n’est pas très consciente qu'une personne vulnérable n'est pas forcément une personne âgée», rappelle-t-elle. La mucoviscidose est une maladie génétique qui touche principalement aux poumons mais également au système digestif. À cause d’une anomalie génétique, les malades souffrent d'inflammations et d'un épaississement du mucus qui recouvre les muqueuses, notamment des voies respiratoires. Environ 200 enfants naissent chaque année avec la mucoviscidose, et cette maladie concerne environ 7.000 personnes en France. Plus largement, les personnes immunodéprimées représentent environ 300.000 patients en France, et sont très vulnérables face au Covid-19 et à d'autres maladies.

Angoisse des lieux publics

Pour Odile Alcaraz, présidente du Comité des patients de l’association Vaincre la Mucoviscidose, et également atteinte de cette maladie, le masque est bien plus qu’une protection contre le virus : «c’est aussi une sorte de rappel aux gens de ce qu’on vient de passer. Lorsqu’ils enlèvent les masques, ils oublient ce qu’on a vécu. On le voit au niveau des gestes barrières : pleins de gens n’utilisent plus le gel hydroalcoolique.»

L’une et l’autre affirment qu’elles continueront à porter le masque, et que cet allègement des restrictions sanitaires pourrait affecter leur quotidien, notamment au niveau des sorties. «Je suis comme tout le monde, j’ai envie de reprendre une vie normale. Je pense que je vais continuer à faire ce que je fais. Quand je vais au cinéma, je vais faire attention à l’endroit où je vais m’installer, pour ne pas être en plein milieu des gens, et je vais garder mon masque, voire le changer plusieurs fois. Je ne vais pas me priver, mais ça va être un peu anxiogène», admet Odile Alcaraz. Floriane, elle, avoue avoir déjà grandement réduit ses activités depuis la crise du Covid : «Mais même si le variant Omicron est moins dangereux, il l’est quand même toujours pour les personnes vulnérables, et il reste très contagieux. Je n'ai pas envie de prendre des risques supplémentaires, je me dis que c'est que porter un masque, ce n'est pas quelque chose de terrible.»

Solidarité avec les personnes fragiles

Des craintes fortes des personnes fragiles qui se sentent «abandonnées» par les pouvoirs publics, alors que la France recense encore environ 80.000 cas de contaminations et un peu plus de 200 morts chaque jour.

Outre les personnes immunodéprimées, certaines personnes, qui ne présentent pas de condition médicale particulière, sont aussi mal à l’aise à l’idée d’enlever le masque. C’est notamment le cas de Julien, 24 ans, qui travaille à Paris. «Je trouve que c’est un peu tôt, après la période compliquée que nous avons vécue. Je vois les effets du masque, depuis que je le mets, notamment dans les transports, je suis moins souvent malade. Je ne me vois donc pas l’enlever, et c’est la même chose pour les salles de concert. Dans les grands espaces, aucun problème, mais à Paris, les bars sont petits…», confie-t-il.

Sur les réseaux sociaux, des centaines de Français ont annoncé leur intention de continuer à porter le masque de protection à travers le hashtag #Ouiaumasque, par solidarité avec les personnes immunodéprimées qui sont obligées de continuer à se protéger et à limiter leurs sorties, mais surtout par souci de protéger toutes les personnes vulnérables.

La fin de l'épidémie encore loin

La Direction générale de la Santé précise que les exploitants des établissements de loisirs soumis au pass pourront cependant toujours, à partir de lundi, imposer le masque, si «la situation locale le justifie», sur décision du responsable du lieu ou bien du Préfet. En cas de forte affluence dans certains lieux de loisirs, le port du masque pourra donc, malgré l’allègement sanitaire, être demandé aux visiteurs. Si le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait indiqué que le pass vaccinal pourrait être abandonné vers la fin mars ou le mois d'avril en cas de recul de l'épidémie, l'exécutif ne s'est pour le moment pas arrêté sur une date précise, le pass reste encore en vigueur.

L’allègement sanitaire décidé par le gouvernement ne signifie pas que l’épidémie est derrière nous. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) affirmait il y a quelques semaines que «la phase aiguë de la pandémie» pourrait prendre fin «cette année, à la condition bien sûr que 70% de la population mondiale soit vaccinée d’ici au milieu de l’année, vers juin ou juillet». Rappelons que pour l’heure, ce taux s’établit à environ 53%.

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