Recouvert par un échafaudage depuis le mois de décembre, l'Obélisque de Louxor est en cours de restauration par les équipes du spécialiste allemand Kärcher. Si le nettoyage est quasiment terminé, il doit désormais laisser place à la consolidation. Immersion sur le chantier.
Mis à part quelques tests réalisés sur les Champs-Elysées, c'est le premier projet de restauration parisien du groupe Kärcher, et «sans doute le plus dur», explique Nick Heyden, spécialiste du nettoyage vapeur pour le groupe allemand et maître d’œuvre de ce grand chantier. L'objectif ? Restaurer intégralement l'obélisque de Louxor, propriété de l'Etat et plus particulièrement du ministère de la Culture, avant le défilé du 14 juillet de cette année et fin prêt pour les JO de Paris 2024.
Une équipe de 4 personnes à temps plein
Accompagné de 3 restaurateurs – 2 femmes et un homme – et caché par des échafaudages installés en décembre, le maître d’œuvre s'occupe minutieusement depuis le début du mois de février du nettoyage de la pierre à l'aide d'un pistolet de sablage Kärcher, qui projette du sable à une pression spécialement adaptée au granit rose égyptien vieux de plus de 3.000 ans. Un protocole très méticuleux ayant été mis en place en amont de la restauration, après une phase de test.
«Je gère manuellement la quantité de sable et la pression de la machine», explique Nick Heyden, qui admet néanmoins qu'il faut garder l'œil bien ouvert. «Même si tu adaptes tous les paramètres, si tu restes trop longtemps sur une partie, tu peux abîmer la pierre. C’est pour ça qu’il faut avoir l’œil et qu’on travaille avec des restaurateurs», poursuit le spécialiste.
#Paris Place de la Concorde, l’obélisque de Louxor finit d’être nettoyée par les équipes du groupe allemand #Kärcher, et par une équipe de restaurateurs français. pic.twitter.com/3QV2kKDIdw
— Pauline Landais-Barrau (@PaulineLdB) February 22, 2022
Et les résultats sont immédiatement visibles. En quelques minutes, la poussière noire déposée par des années de pollution et d'émissions de particules fines est délicatement retirée à l'aide du pistolet de sablage, qui redonne à la pierre son aspect d'antan. Erigé place de la Concorde en 1836 sous l'ère de Louis-Philippe Ier (1830-1848), l'obélisque de Louxor avait été offert quelques années auparavant au roi français Charles X (1824-1830) par le vice-roi égyptien Méhémet Ali.
Encore 3 mois de travaux
Si le nettoyage est quasiment terminé, il reste encore à gérer toute la partie «consolidation», lancée «dès la semaine prochaine», annonce Nick Heyden. Celle-ci consiste notamment à boucher les trous et autres fissures naturelles créées au fil des années. Pour ce faire, le protocole est également particulièrement strict et développé par le laboratoire des monuments historiques.
Au niveau de chaque petit défaut de la pierre, les restaurateurs appliquent d'abord un liquide 100 % minéral qui met environ 3 semaines à se consolider le temps que le solvant s'évapore. Puis ils doivent déverser un coulis dans la fissure qui reprend les 3 couleurs du mortier, le rose, le blanc et le noir. «C'est une méthode totalement compatible, le silicate utilisé étant de même nature que les minéraux du granit», témoigne Bruno Szkotnicki, l'un des restaurateurs du chantier.
Enfin, les restaurateurs seront chargés de réparer le pyramidion au sommet ainsi que toutes les inscriptions au niveau du socle à la feuille d'or.
Un travail minutieux qui doit durer tout au long du mois de mars, avant que l'échafaudage soit retiré au mois d'avril. Le chantier reprendra ensuite pendant 15 jours pour nettoyer la partie basse du monument, aujourd'hui cachée par l’échafaudage. Tout devrait être fin prêt pour le mois de juin, juste à temps pour le défilé du 14 juillet. Des délais qui devraient être respectés, alors que pour l'instant, le chantier de restauration est en avance.
Estimée à 785.000 euros, cette restauration a été intégralement prise en charge par le groupe Kärcher, mécène de l'opération depuis la pose de l’échafaudage jusqu'au salaire des restaurateurs. Et c'est loin d'être la première fois que ce géant allemand du nettoyage réalise une telle restauration.
Depuis 30 ans, les experts du groupe ont en effet signé plusieurs restaurations emblématiques, toujours sur des monuments historiques exceptionnels. Ils ont par exemple déjà travaillé en France, sur le grand escalier en fer-à-cheval du Château de Fontainebleau, mais aussi à l'étranger, comme sur les Colosses de Memnon, en Egypte.