Un petit centre de soins spécifiquement dédié aux hérissons devrait bientôt ouvrir ses portes au bois de Vincennes, dans le 12e arrondissement de Paris. Une première en Ile-de-France, alors qu'une population importante de ces petits mammifères y a élu domicile.
«Nous travaillons activement à la création du premier centre de soins pour hérissons en Ile-de-France, en lien avec l'association Erinaceus France et la préfecture de police de Paris», a ainsi annoncé Christophe Najdovski, adjoint à la mairie de Paris chargé de la biodiversité et de la condition animale, ce mardi, expliquant que «ce lieu permettra de récupérer des hérissons blessés et de les soigner», avant de «les relâcher dans la nature».
«On attend le feu vert de la préfecture», fait-on savoir dans l'entourage de l'adjoint, qui espère que le site pourra «être prêt au printemps, à la sortie de l'hiver». Une période correspondant à la fin de l'hibernation de l'animal. Le projet a également suscité l'intérêt des habitants du 12e, qui ont voté une aide financière de 15.000 euros pour cette structure. Une enveloppe qui permettra «de finir l'aménagement sur place» et notamment «de refaire les clôtures» du site.
Une espèce protégée
En attendant, les porteurs du projet, dont fait partie l'association Erinaceus France, n'hésitent pas à faire de la pédagogie afin de sensibiliser à la protection de cet animal solitaire, qui n'est – contrairement aux idées reçues – absolument pas apprivoisable. D'autant plus que, peu de gens le savent, le hérisson est une espèce protégée, et le transporter – même pour une courte durée et même si l'idée est de le soigner – est passible de 150.000 euros d'amende.
«Le hérisson étant un animal nocturne, beaucoup de ceux qui rencontrent un hérisson en journée pensent qu'il est malade, ou qu'il y a un problème», témoigne Manuel de Aguirre, le président de l'association Erinaceus France, sauf qu'il peut s'agir «d'une femelle en gestation qui se repose en dehors du nid». «Si quelqu'un la ramasse, il condamne instantanément la portée», explique-t-il.
Comme très bien dit @duran_georg nous sommes confrontés à une double contrainte, sensibiliser la population à la protection des hérissons et ne surtout pas susciter l’envie d’en enfermer un à la maison... Vu « l’intelligence » humaine, c’est pas gagné.
— Erinaceus France (@ErinaceusFrance) February 14, 2022
Une population assez importante
Même s'«il est strictement impossible de réaliser un comptage précis» du nombre de hérissons présents sur le territoire parisien, Manuel de Aguirre assure qu'«il y a pas mal de hérissons à Paris», sur la Petite Ceinture par exemple, ou alors dans le bois de Vincennes (12e), où se trouve selon lui «une population assez importante».
Aujourd'hui, dans la région, seule l'école vétérinaire de Maisons-Alfort (94) fait office de centre de soins pour le hérisson, à tel point que lorsqu'un animal est retrouvé blessé à Paris, certaines personnes n'hésitent pas «à faire 250 km aller-retour jusqu'à la Sarthe [où se trouve le refuge de l'association]» pour le déposer. Avec un centre de soins directement implanté au bois de Vincennes, ils pourront être accueillis sur place.
Pas question pour autant d'en faire un refuge. «Le but est de ne pas les avoir trop longtemps, le centre essaie de les garder le moins longtemps possible», poursuit Manuel de Aguirre, qui prend l'exemple d'un hérisson que l'on aurait retrouvé en plein Paris : il s'agira alors «de le déposer dans le centre, de vérifier que tout va bien pour lui, et de le relâcher dans un endroit propice».
D'ici à l'ouverture de ce centre parisien, l'association Erinaceus France – qui se targue de sauver 92 % de ses pensionnaires – poursuit son travail, pour faire mieux connaître le hérisson. Sur son site internet, «l'un des plus complets sur la question» promet le président de la structure, des pages entières d'information sur le petit animal sauvage sont disponibles. Et un appel aux dons : «nous sommes tous bénévoles», confie l'intéressé.