«Affligeants», «déplorables», alarmants : l'Association nationale des étudiants en pharmacie (Anepf) ne manque pas d'adjectifs pour qualifier les résultats de son enquête sur les violences sexistes et sexuelles au sein du cursus. Près de la moitié des étudiantes font état de harcèlement et un quart d'entre elles disent avoir subi une agression sexuelle pendant leurs études.
Ces données, obtenues entre novembre et décembre 2021, auprès de 2.103 étudiants en pharmacie, ont été présentées lors d'une conférence de presse ce mercredi 2 février. Elles montrent que les étudiantes sont deux fois plus touchées par ce genre de violences que leurs homologues masculins.
#EtudionsSansAgressions |Propositions de l’ANEPF pour lutter contre les #VSS présentées avec @doyenspharma
Propositions pour améliorer la #formation des #etudiants et associations à ce sujet, améliorer l’accompagnement des #victimes, permettre un #signalement en temps réel— Pharma_ANEPF (@Pharma_ANEPF) February 2, 2022
Dans le détail, plus d'une future pharmacienne sur deux (55%) a déjà fait l'objet de remarques sexistes, de la part de camarades mais aussi de professeurs. Sont cités des propos sur la place des femmes «dans la cuisine», le recours à la pilule du lendemain ou à l'avortement.
48% des étudiantes en pharmacie témoignent de faits de harcèlement, là encore de la part d'étudiants comme de professeurs. Certaines racontent avoir reçu des «messages déplacés» ou même des «caresses sur les cheveux» pendant les cours. Enfin, plus d'une sur quatre (27%) a été victime d'agressions sexuelles, principalement lors de soirées étudiantes.
Harcelées jusque dans les officines
Théo Vitrolles, porte-parole de l'Anepf, s'étonne par ailleurs de voir qu'un tiers des futures pharmaciennes se disent harcelées au sein des officines, là où «on ne s'attendait honnêtement pas à retrouver ce genre de violences», selon lui. Malheureusement, les résultats enregistrés à l'hôpital, bien que choquants (28% d'étudiantes harcelées), ne font que corroborer ceux obtenus lors d'une précédente étude, réalisée début 2020 par l'Association des étudiants en médecine (Anemf).
Pour Théo Vitrolles, cela confirme que «ces violences sont plus répandues dans le milieu de la santé que dans les autres filières universitaires». Pour expliquer cette inquiétante tendance, l'Anepf évoque le poids des «traditions» et un «effet de mimétisme» favorisé par un apprentissage «en vase clos».
Lors de la conférence de presse du 2 février, les membres de l'association ont souligné la double peine subie par les victimes, à savoir «la violence directe» de ces actes associée à leur «impunité». Treize propositions ont été formulées dans l'optique d'enrayer le phénomène. Elles visent à «améliorer la formation des étudiants et associations à ce sujet», «accompagner les victimes» et «permettre un signalement en temps réel».