Avec l’arrivée du variant Omicron et de la cinquième vague de la pandémie en France, se pose légitimement la question de l’administration d’une quatrième dose de vaccin, ou deuxième dose de rappel. En attendant un consensus scientifique, le Conseil d’Orientation de la Stratégie vaccinale a émis des réserves.
Dans un avis datant du 19 janvier dernier, le COSV, présidé par Alain Fischer, a rendu son analyse. Les experts ont notamment cité un essai clinique lancé en Israël il y a quelques semaines, qui a permis de constater que de nombreuses personnes infectées par le variant Omicron avaient pourtant reçu une quatrième dose de vaccin, ce qui peut laisser présumer d’une moindre efficacité du rappel pour protéger contre l’infection par ce variant.
Les données scientifiques disponibles indiquent également qu’une infection au variant Omicron «pourrait procurer un "dividende immunitaire" offrant une nouvelle protection contre les infections futures», et notamment contre «les futurs variants». Certains autres pays ont déjà mis en place la quatrième dose, mais presque exclusivement pour les personnes vulnérables. En France, elle est par ailleurs déjà autorisée pour les patients sévèrement immunodéprimés.
La protection contre les formes graves perdure dans le temps
Le COSV a par ailleurs souligné que si les études montrent que la protection contre les formes symptomatiques de la maladie diminue dix semaines après le rappel vaccinal, «aucun élément d’information consistant ne suggère que la protection contre la survenue de formes graves conférée par un rappel vaccinal diminue dans le temps.»
Compte tenu de ces éléments, «le COSV considère que les données disponibles n’appellent pas actuellement à la mise en place d’un second rappel vaccinal, bien que la question soit rendue légitime par le contexte actuel de forte circulation du virus». «Une telle mesure pourrait être interprétée comme un signal d’inefficacité de la vaccination par l’opinion et ainsi induire un risque de désengagement à l’égard d’une vaccination perçue comme trop fréquente», a-t-il ajouté.
Prudence du côté des autorités françaises
La Haute Autorité de Santé, saisie par le gouvernement, doit encore statuer sur la question. Interrogé ce mardi 25 janvier sur la question, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a affirmé que si la quatrième injection permet de «protéger les plus fragiles nous le ferons et nous expliquerons comme nous l'avons fait depuis le début de l'épidémie. Si en revanche, nous voyons qu'elle n'est pas nécessaire, nous ne la ferons pas.»
De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déjà mis en garde contre la stratégie qui viserait à administrer une dose de rappel régulièrement. «Aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel. (…) Des programmes de rappel sans discernement ont toutes les chances de prolonger la pandémie, plutôt que d'y mettre fin, en détournant les doses disponibles vers les pays qui ont déjà des taux de vaccination élevés, offrant ainsi au virus plus de possibilités de se répandre et de muter», avait déclaré son directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus quelques jours avant Noël.