Nicolas Noguier, l'un des fondateurs et ex-président de la fondation «Le refuge», qui héberge des personnes homosexuelles rejetées par leurs familles, a été mis en examen jeudi pour «viol» et «agression sexuelle».
Le compagnon de l’ancien directeur, Frédéric Gal (37 ans), a également été mis en examen «pour deux faits de harcèlement sexuel», a ajouté Fabrice Belargent, le procureur de Montpellier.
Les deux hommes ont également été mis en examen «pour travail dissimulé et harcèlement moral sur plusieurs salariés et bénévoles de la fondation». Ils ont été placés «sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec les plaignants du dossier et d'exercer une activité en contact régulier avec des mineurs ou des personnes vulnérables», a précisé le représentant du ministère public.
Les deux mis en examen ont formellement contesté durant leur garde à vue l'ensemble des faits à caractère sexuel qui leur sont reprochés et «ont produit des éléments à l'appui de leurs déclarations». Ils ont également contesté le travail dissimulé et le harcèlement moral, selon le procureur.
Selon les informations du Figaro, Nicolas Noguier a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire à l'issue de sa garde à vue. Un de ses avocats, Stéphane Fernandez, a confié au quotidien que son client n'avait «pas été placé sous détention provisoire car les charges retenues contre lui sont bien trop insuffisantes, nous sommes confiants pour la suite de la procédure et nous faisons appel de cette mise en examen».
Après dix-huit ans à la tête du Refuge, une association importante au sein de la communauté LGBT+, les deux hommes avaient démissionné en février 2021 de leur fonction de président et de directeur après une polémique née en décembre d'un article au vitriol du site d'information Médiapart sur leur gestion interne.
Seize plaignants
Le parquet avait de son côté diligenté une enquête préliminaire dès février 2021 après les plaintes et signalements de particuliers ou d'associations concernant des infractions pénales commises au siège du Refuge à Montpellier et dans certaines de ses antennes réparties sur le territoire national.
Certaines faisaient notamment état «de violences sexuelles (viol, agressions sexuelles et harcèlement sexuel) qui auraient été commises par les deux hommes sur des personnes majeures ou mineures accueillies au sein de la structure, a rappelé Fabrice Belargent. Elles faisaient également état du recours au bénévolat pour des tâches qui auraient normalement du être dévolues à des salariés et des comportements pouvant relever du harcèlement moral au préjudice des bénévoles comme des salariés.
Durant l'enquête, un certain nombre de personnes n'ont pas confirmé les faits énumérés dans des écrits initiaux mais cinq ont confirmé avoir été victimes d'infractions à caractère sexuel de la part des deux hommes.
Pour Eric Morain, avocat de seize des plaignants du dossier parmi lesquelles figurent quelques femmes, «on est face à quelqu'un qui avait créé un petit univers dans lequel il était tout puissant, parfois adulé parfois détesté, qui profitait d'une certaine désorganisation de l'association».
Le refuge est la seule structure conventionnée par l'État qui propose un hébergement et un accompagnement médico-social à des jeunes majeurs vivant dans des situations difficiles parce que victimes d'homophobie. Au niveau national, la fondation compte une trentaine de salariés pour 450 bénévoles.