La demande de renvoi du procès d’Eric Zemmour, jugé en appel pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu en 2019 que le maréchal Philippe Pétain avait «sauvé» les juifs français, a été rejeté par la cour d'appel de Paris, ce jeudi.
A l’entame du procès, l’avocat du candidat à la présidentielle, Olivier Pardo a demandé à la cour à ce que le procès en appel de son client soit renvoyé après la date du second tour de la présidentielle, pour «des raisons de sérénité». «Les débats d'opinion doivent avoir lieu dans l'arène politique, ils ne doivent pas occuper le prétoire», a-t-il appuyé.
Suite au refus, il a quitté la salle d'audience. «Dans ces conditions, j'ai décidé que je ne suis pas en état d'assurer la défense», a-t-il affirmé.
Le président de la cour d'appel s’est justifié en précisant que si le procès se tient actuellement, la décision de sa cour ne serait, elle, rendue qu'après l'élection présidentielle des 10 et 24 avril prochains. L'audience a donc débuté sans Eric Zemmour ni son avocat.
Les avocats des parties civiles ont de leur côté dénoncé «une manœuvre» de la défense, pour éviter d'être jugé. «Candidat ou pas, M. Zemmour reste un justiciable comme un autre», a notamment dit Alain Jakubowicz, l'avocat de l'Union des étudiants juifs de Frances (UEJF).
Relaxé en première instance
Pour rappel, les propos qui valent à Eric Zemmour d’être jugé ont été tenus en 2019, lors d’un débat télévisé face à Bernard-Henri Lévy. «Un jour, dans une autre émission, vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs français. C'est une monstruosité, c’est du révisionnisme», avait asséné ce dernier. «C'est encore une fois le réel, je suis désolé», avait répondu le polémiste.
Il avait été relaxé en février 2021, le tribunal estimant qu'il avait prononcé ces mots «à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie». Le tribunal avait néanmoins reconnu que ses mots contenaient «la négation de la participation (de Pétain) à la politique d'extermination des juifs menée par le régime nazi». Le parquet avait fait appel.
Lors de l’audience de première instance, en décembre 2020, Eric Zemmour s'était défendu de toute contestation de crimes contre l'humanité. Il avait estimé que le débat sur le rôle de Vichy envers les citoyens juifs français devait être tranché par les historiens et non par la justice.
Ce nouveau rendez-vous judiciaire, qui a donc bien démarré ce jeudi, intervient seulement trois jours après la condamnation d'Eric Zemmour pour provocation à la haine par le tribunal de Paris, pour des propos sur les mineurs migrants isolés. Un jugement auquel il a immédiatement interjeté appel.