Emmanuel Macron s'est exprimé, ce mercredi 19 janvier, devant le Parlement européen à Strasbourg, pour lancer la présidence française du Conseil de l’Union européenne.
Le président français a tenu un discours d'environ une vingtaine de minutes. Dès sa prise de parole, Emmanuel Macron a rendu un hommage à l'ancien président du Parlement européen, David Sassoli, décédé le 11 janvier.
Le chef de l'Etat est revenu sur plusieurs priorités de cette présidence française dont le «renfort de la souveraineté européenne». Il a insisté durant son discours sur l'importance des valeurs européennes.
«La présidence française sera une présidence de valeurs qui nous font et qui, à force d’être considérées comme des acquis, ont fini, ces dernières années par se fragiliser», a-t-il lancé. «Nous sommes cette génération qui découvre la précarité de l’Etat de droit et des valeurs démocratiques», a-t-il ajouté.
Au cours de son intervention, Emmanuel Macron s'est fixé trois promesses qu'il défendera tout au long de la présidence française, soit jusqu'au 30 juin 2022 : «une promesse de démocratie (...), une promesse de progrès et une promesse de paix. Le moment que nous vivons, par le retour du tragique de l'Histoire et de quelques évidences géographiques et l'ébranlement actuel que nous vivons viennent bousculer ces trois promesses. Le défi qui est le nôtre est d'œuvrer à la refondation de ces promesses», a-t-il dit.
ETAT DE DROIT EUROPÉEN
Alors que l'Europe traverse des tensions, Emmanuel Macron a tenu à souligner son inquiètude ainsi que son attachement à l'Etat de droit.
«L'Etat de droit est le fruit de nos histoires à tous, le combat et les révolutions pour se libérer des totalitarismes. L'Etat de droit est notre trésor, et il s'agit partout de reconvaincre les peuples qui s'en sont éloignés». Reconvaincre les peuples, tel est l'objectif du Président de la République. Pour ce faire, Emmanuel Macron s'appuie sur la fierté de l'identité européenne. «Etre Européen, c’est ressentir une égale émotion devant nos trésors, le fruit de notre patrimoine et de notre histoire, vibrez de la même manière aux œuvres de Chopin comme aux textes de Pessoa. Cet art d’être au monde européen fait partie de notre singularité».
La promesse d'Emmanuel Macron consiste à «faire de l'Europe à nouveau une puissance démocratique culturelle et éducative fière d'elle-même pour relever le défi».
Depuis son élection à la présidence de la République française en 2017, Emmanuel Macron se pose en chef de file des pro-Européens et vante les avancées obtenues à 27. Il prend notamment l’exemple du plan de relance post-Covid-19 de 750 milliards d’euros adopté en 2020.
Lutte contre le réchauffement climatique
Le chef de l’Etat entend à travers ce discours obtenir des résultats «rapides et concrets» sur plusieurs dossiers dont celui de la lutte contre le réchauffement climatique. En février, un sommet pour les océans doit se tenir en France, selon le président.
«Nous aurons au mois de février un important sommet pour les océans où plusieurs pays membres, dont la commission, auront une stratégie importante à présenter car nous sommes une grande puissance», a annoncé Emmanuel Macron.
Si le réchauffement climatique constitue une priorité pour Emmanuel Macron, un autre défi pour lui est la révolution numérique. En effet, le chef de l'Etat a montré son souhait de «bâtir un véritable marché unique du numérique permettant de créer des champions européens». Ce modère doit permettre «une concurrence loyale entre les acteurs et, par conséquent, lutter contre la tendance des plateformes à tuer l'innovation», a-t-il expliqué
LE DROIT À L'AVORTEMENT ET LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT
Dans son discours devant les eurodéputés, Emmanuel Macron a également souhaité que le droit à l'avortement et la protection de l'environnement soient intégrés dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.
«Il faut actualitser cette charte pour être plus explicite sur la reconnaissance du droit à l'avortement ou sur la protection de l'environnement, à lancé le président de la République à Strasbourg».
Relation avec l'afrique
«Nous devons franchir dans les mois à venir une nouvelle étape, réinventer une nouvelle alliance avec le continent». Tels sont les mots d’Emmanuel Macron sur l’Afrique. Le chef de l’Etat estime que c’est le continent où se joue «une partie de notre avenir». Il a fait savoir sa volonté de «refonder le partenariat avec l’Afrique».
Il a, par ailleurs, signalé qu’environ 700 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 vont être distribuées en Afrique d’ici fin de la présidence française de l’Union européenne.
IMMIGRATION, SÉCURITÉ ET SCHENGEN
Plusieurs sujets sensibles et urgents sont sur la table d'Emmanuel Macron. C'est le cas notamment du salaire minimum, la taxe carbone aux frontières ou encore la réforme de l’espace Schengen.
Concernant la sécurité, Emmanuel Macorn espère que l'Europe puisse apporter davantages de réponses «face aux déosrdres politiques, à la menace terroriste, aux attaques cyber et aux migrations irrégulières».
«L'Europe doit s'armer, non pas par défiance vis-à-vis des autres puissances, mais pour assurer son indépendance dans ce monde de violence, pour na pas subir le choix des autres et être libre», a martelé le Président de la République.
Enfin, pour l'espace Schengen, Emmanuel Macron a abordé également la réforme qui sera portée à cet espace de libre circulation par la présidence française. «Une force intergouvernementale d'intervention rapide sera élaborée pour protéger les frontières extérieures», a-t-il annoncé.
Après ces quelques annonces, Emmanuel Macron n'a pas caché son enthousiasme et sa confiance envers les pays membres afin de rendre «le rêve européen» possible.
«Ni les politiques d'hier ou d'avant la crise, ni les réflexes passés, ni le retour au nationalisme, ni la dissolution de nos identités ne seront les réponses à ce monde qui advient. Mais notre capacité à inventer un rêve possible, à le rendre tangible, à le faire réalité, à le rendre utile à nos concitoyens est la clé de notre succès. Nous en avons la force, nous en avons les moyens. C'est pour cela que j'ai confiance en nous», a déclaré le chef de l'Etat sous les applaudissements du parlement.
Une séance de questions-réponses
A l’issue de cette prise de parole, Emmanuel Macron a consacré une longue séance de questions-réponses avec les députés. S’il a échangé avec les élus de tous les pays, Emmanuel Macron a été particulièrement sollicité par les orateurs français.
Ainsi François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Manon Aubry (France insoumise), Jordan Bardella et Nicolas Bay (Rassemblement national), et Yannick Jadot (Les Verts) se sont addressés à Emmanuel Macron.
Cette intervention s'est faite sans la présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Cette dernière a été testée positive au Covid-19.
