Avec la parution d'un important document de travail en 4 tomes appelé «Manifeste pour la beauté de Paris», la municipalité entend mettre en place une nouvelle méthodologie d’aménagement et d'entretien de l'espace public. Les grandes lignes de ce projet ont été dévoilées ce mardi 18 janvier.
Une «démarche initiée il y a longtemps», explique Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la mairie de Paris chargé de l'urbanisme, qui se défend immédiatement de répondre ici au mouvement #SaccageParis lancé il y a plus d'un an sur les réseaux sociaux pour dénoncer les incongruités et autres facéties de l'urbanisme urbain parisien.
Adapter la ville aux nouveaux enjeux
Pour lui, cette nouvelle doctrine doit avant tout permettre de «concilier les nouveaux enjeux de transformation de la ville», notamment «la nécessaire adaptation de la ville au phénomène de réchauffement climatique [...] avec tout ce qui fait le prestige et la renommée de Paris». «Nous venons bousculer des décennies, des siècles d’habitude», explique-t-il.
Et tout l'enjeu est là : comment modifier la ville sans retirer un banc Davioud ici ou une colonne Morris là ? Comment concilier préservation du patrimoine déjà existant et touche de modernité ? «Evidemment qu'il y aura des bancs Davioud démontés lorsque ce sera nécessaire», assure l'élu.
Pour avancer dans la même direction, qu'il s'agisse des services de l'administration parisienne, des partenaires de la Ville qui interviennent sur le terrain ou pour les Parisiens eux-mêmes, ce document en 4 tomes – dont les 3 premiers sont attendus pour mars 2022 et dont le dernier, consacré aux bâtiments et aux bâtis, sortira en même temps que la révision du PLU prévue dans les prochains mois – doit permettre à la municipalité de donner une ligne directrice et des règles précises à respecter en matière d’aménagement de l'espace public.
Une «charte d'action publique», selon Emmanuel Grégoire, pour venir corriger un certain nombre de «défauts» – qu'il qualifie lui-même d'«irritants» – qui dénaturent la ville au quotidien. Parmi eux par exemple, la «mare aux cochons», selon ses dires, qui se crée aux pieds des arbres qui viennent d'être replantés et dont la terre n'a pas fini d'être tassée, ou encore ces pieds d'éclairages publics enroulés de rubalise et de scotch lorsqu'ils attendent d'être réparés.
Des nouvelles règles à suivre
Pour cela, cette nouvelle doctrine va être mise en place autour de «5 chantiers». Parmi eux, «l'inventaire du mobilier urbain historique», qui sera notamment accessible au grand public dans un Atlas publié par l'Apur en mars prochain, «le désencombrement de l'espace public avec la suppression du mobilier urbain obsolète» ou encore «la végétalisation de la ville», via la création de «grandes bandes végétalisées» pour relier les plans d'arbres entre eux.
Une nouvelle méthode pour aménager Paris : découvrez avec @egregoire les priorités du Manifeste pour une nouvelle esthétique parisienne. pic.twitter.com/9wOR4TQWnv
— Paris (@Paris) January 18, 2022
Mais aussi la suppression dès cette année du marquage jaune utilisé au sol pour réaliser dans l'urgence les pistes cyclables temporaires à la fin du premier confinement. Emmanuel Grégoire assure que 17 km de pistes cyclables jaunes ont déjà été pérennisées, et que 35 km supplémentaires le seront en 2022. Quant aux 15 km de pistes qui ne seront pérennisées qu'en 2023, il prévoit de retirer la signalétique jaune dès cette année.
Enfin, la municipalité entend «poursuivre sa lutte contre les incivilités», en triplant notamment les amendes contre l'affichage sauvage, et travailler avec la nouvelle procureure de Paris pour que les plaintes déposées après la découverte de tags dans l'espace public parisien puissent aboutir et ne pas finir par être «classées sans suite».
En outre, la question des sanisettes parisiennes sera également à l'étude, alors que le marché public arrive à son terme. Des annonces qui viennent compléter certaines mesures déjà lancées en juillet dernier, dont celle de retirer tous les panneaux de signalisation jugés obsolètes ou inutiles ou encore celle de retirer les assises dites «champignon» jugées disgracieuses et peu utilisées.
Même s'il admet que certaines choses sont à revoir, notamment mises en lumière par le mouvement #SaccageParis, le premier adjoint appelle au bon sens et rappelle que de «nombreuses œuvres aujourd'hui vantées étaient autrefois conspuées par la dictature du bon goût». «Aujourd'hui, on fait l'éloge de Guimard, mais à l'époque, cela a fait scandale, alors prenons un peu de hauteur et faisons preuve de retenue [dans nos critiques]. Paris ne doit jamais renoncer à l'innovation», insiste-t-il.