Ils avaient déjà quitté la forêt de Bercé, dans la Sarthe, sélectionnés pour leur dimension exceptionnelle. Coupés il y a plusieurs mois déjà, les huit chênes destinés à la reconstruction de la flèche de Notre-Dame de Paris commencent à être sciés ce jeudi 16 décembre, à la scierie des Géants, en Mayenne.
Là, ces troncs d'arbres dont on a enlevé les branches – appelés des «grumes» – seront transformés en poutres de section de 40 cm par 36 cm, sur 19 m de long. «C'est une aventure extraordinaire que cette reconstruction de Notre-Dame de Paris», a déclaré le général Jean-Louis Georgelin, président de l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui a salué l'«extraordinaire mouvement de solidarité qui ne retombe pas».
Une fois sciés, ils seront séchés
Issus de la forêt domaniale de Bercé (Sarthe), ces huit chênes de plus d’un mètre de diamètre et de plus de vingt mètres de grume utile ( tronc d’arbre abattu, écimé et ébranché), d’une courbure spécifique ont commencé à être coupés en mars, avant d'être transportés fin juin à la scierie des Géants, située 150 kilomètres plus loin, en Mayenne. Une fois sciés, ils seront stockés pendant de longs mois afin de sécher et d’atteindre un taux d’humidité de moins de 30 %, pour être fin prêts pour la réalisation de pièces exceptionnelles pour le tabouret de la flèche.
Des bois rares qui seront ensuite transportés vers les ateliers des charpentiers pour être assemblés à blanc, avant d’être montés sur le chantier en 2023. «On est très fiers de participer à la reconstruction de la cathédrale de Notre-Dame», a confié Mickaël Renaud, patron de la scierie des Géants à Craon. Et d'ajouter : «mon entreprise est créée depuis deux ans, je n'aurais jamais imaginé ça. Travailler des bois de cette longueur là qui viennent de la forêt de Bercé, plantés sous Colbert, c'est une fierté».
Au total, un millier de chênes seront nécessaires pour reconstruire l'intégralité de la flèche, telle qu'elle avait été imaginée par Viollet-le-Duc, et dont l’ossature est entièrement en bois de chêne massif. La moitié d'entre eux seront issus de forêts publiques, et l'autre moitié de près de 150 forêts privées. Et pour les transformer, pas moins de 45 scieries disséminées dans toute la France assureront leur sciage. Dans un an, 1.000 autres chênes seront à nouveau récoltés «pour refaire la charpente de la nef et du chœur», a annoncé le général Jean-Louis Georgelin.