Près de deux ans et demi après l'incendie qui l'a partiellement détruite, la cathédrale pourrait bientôt avoir un nouveau visage, notamment en ce qui concerne son aménagement intérieur. Ce jeudi 9 novembre, plusieurs experts français de l’architecture vont en effet rendre leur avis sur le sujet.
Et si les contours du projet définitif n'ont pas encore été dévoilés, certaines nouveautés ont déjà été communiquées. Lors de sa réouverture au public, en 2024, la cathédrale Notre-Dame sera par exemple accessible par la grande porte centrale et non plus par les portes latérales, et bénéficiera d'un parcours aéré autour d'un axe central totalement revu, allant de la nef au chœur.
Le réaménagement intérieur et liturgique de Notre-Dame, partiellement détruite dans un incendie en 2019, sera présenté par le diocèse le 9 décembre à la commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA), chargée de donner son avis #AFP pic.twitter.com/k5t5zZPnNU
— Agence France-Presse (@afpfr) November 28, 2021
«Le bon côté de ce drame, c'est qu'on va pouvoir redécouvrir Notre-Dame d'une autre façon», s'est d'ailleurs félicité le sénateur (LR) Albéric de Montgolfier, président de la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA) qui doit rendre son avis jeudi. Lui évoque une «vision plus épurée» qui «correspond plus à ce qu'elle était à son origine».
Autre point positif : le «nettoyage en profondeur» des 14 chapelles, qui étaient particulièrement abîmées depuis longtemps avant l'incendie, et dont certaines servaient à entreposer du mobilier et du matériel faute de place. Leur restauration permettra, selon le président de la CNPA, de redécouvrir les «Mays», ces grands tableaux d'autel commandés chaque année à de grands artistes, entre 1630 et 1707, par la corporation des orfèvres qui les offrait à la cathédrale.
Des phrases bibliques projetées sur les murs...
De fait, le clergé dont Mgr Michel Aupetit [l'archevêque de Paris, qui vient de démissionner, ndlr] – qui a été chargé de présenter un projet d'aménagement intérieur à la CNPA – entend redonner un coup de peps à la cathédrale avant sa réouverture prévue en 2024 et ce, y compris dans sa dimension religieuse. Des «phrases bibliques ou de tradition spirituelle chrétienne» en plusieurs langues pourraient par exemple être projetées sur les murs, explique le père Drouin, directeur de l'Institut supérieur de liturgie, qui souhaite s'adresser à tous les publics.
La question de l'arrivée de l'art contemporain à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame est également à l'étude, puisque des œuvres d'artistes contemporains à l'instar d'Ernest Pignon-Ernest, d'Anselm Kiefer ou encore de Louise Bourgeois pourraient être intégrées. D'ailleurs, le ministère de la Culture, qui avait un temps – par la voix de la ministre Roselyne Bachelot – fait part de ses reticences au sujet de l'art contemporain ne s'y serait finalement aujourd'hui «pas du tout opposé».
...et Des luminions sous les bancs
Les chaises et l'éclairage devraient eux aussi être remis au goût du jour. Il y a un an, Mgr Michel Aupetit avait d'ailleurs déjà fait appel, selon les informations du Figaro, à la scénographe muséale Nathalie Crinière ainsi qu'au spécialiste des grands éclairages, Patrick Rimoux, pour revoir le mobilier de Notre-Dame de Paris. Des bancs à roulettes dotés de luminions pourraient donc remplacer les chaises séculaires, alors que des lumières projetées à hauteur du visage seraient également envisagées.
Autant de (bonnes) idées qui seront tranchées par la CNPA, qui entend de «veiller au respect des lois du patrimoine, à la réversibilité et au respect du monument historique», comme le précise Albéric de Montgolfier. Quant au choix des œuvres d'art, «c'est très subjectif», selon lui, et le ministère de la Culture devra trancher, puisque, comme l'avait rappelé Roselyne Bachelot l'an passé, «l'Etat est compétent sur tous les décors intérieurs».
Mais pas d'inquiétudes pour autant, puisque selon le président de la CNPA, s'il y a eu dissensions par le passé au sujet du réaménagement intérieur de la cathédrale, «beaucoup de rapprochements» seraient intervenus depuis, notamment en ce qui concerne la disposition des œuvres d'art sur le parcours déambulatoire ou l'éclairage. Quoiqu'un peu novateur, le projet présenté jeudi semble donc être déjà bien accepté.