Les habitants de Montreuil (93) sont divisés. Une installation lumineuse monumentale – visible sur la place centrale du quartier Bel Air – fait en effet polémique depuis des mois, alors que le plasticien Claude Lévêque, qui a réalisé cette œuvre, est aujourd'hui accusé de viols sur mineurs.
Et l'affaire n'est pas récente, puisque face à la fronde de certains habitants, la mairie de Montreuil avait décidé en janvier dernier d'éteindre ces trois larges cercles d'inox sertis d'ampoules, appelés «Modern Dance», qui s'illuminaient à la nuit tombée. Une extinction décidée «pour répondre au choc des habitants qui s'étaient exprimés à l'époque», explique aujourd'hui l'équipe municipale.
Des habitants réclament sa remise en service
L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais l'œuvre n'a pas été démontée et la ville de Montreuil doit contractuellement l'entretenir pendant 25 ans. Une nouvelle fronde vient donc remettre une pièce dans la machine. Fin novembre, le conseil de quartier de Bel Air a en effet envoyé une lettre à la mairie pour lui demander de rallumer l'installation désormais intégrée selon ce collectif d'habitants au «patrimoine local».
Sublime mise en lumière du château d’eau quartier Bel Air/Grands Pêchers de #Montreuil par l’artiste Claude Lévêque pic.twitter.com/xDP84JJ5lq
— Patrice Bessac (@PatriceBessac) October 16, 2015
Dans cette lettre, ces derniers déplorent en effet que le quartier est devenu «triste» et «lugubre», depuis que l'illumination est éteinte. Et l'apprécier ne signifie pas pour autant, selon eux, soutenir son créateur Claude Lévêque, 68 ans, accusé par un sculpteur de l'avoir violé lorsqu'il était enfant. Ce dernier disant en avoir été victime avec ses deux frères dans les années 1980.
Mais rallumer l'œuvre ne semble pas être la solution miracle non plus, alors que d'autres habitants y sont toujours farouchement opposés. C'est le cas de Cécile Miquel, enseignante en maternelle, interrogée à ce sujet, qui – malgré son attrait pour l'art contemporain et pour cette œuvre en elle-même – est contre sa remise en service «pour montrer qu'en 2021 on veut que les choses changent».
Un gâchis pour d'autres, alors que cette installation lumineuse avait été commandée et donc payée par la municipalité et symbolisait surtout une forme de renaissance du quartier, depuis son arrivé en 2015. A l'époque, elle était l'aboutissement d'une grande campagne de travaux de rénovation, pensés pour réhabiliter cette zone particulièrement touchée par l'insécurité et la pauvreté.