L'abbé Régis Spinoza, accusé d'avoir infligé violences et humiliations à une cinquantaine d'élèves de l'école privée hors contrat qu'il dirigeait dans le Cher, a été condamné à trois ans de prison avec sursis, mercredi par le tribunal correctionnel de Bourges.
La cour a aussi condamné l'ancien directeur de l'institution Angélus, située à Presly (Cher) mais aujourd'hui fermée, à dix ans d'interdiction d'exercer une activité en lien avec des mineurs.
Le tribunal n'a finalement pas suivi les réquisitions du parquet, qui avait réclamé trois années de prison, dont deux avec sursis.
L'homme d'église, âgé de 50 ans, a finalement été relaxé d'une partie des violences, la cour ne retenant pas le caractère habituel de celles-ci. Les gifles, coups de pied ou autres pincements n'étaient en effet pas infligés à des élèves en particulier.
La justice n'a pas non plus jugé que les conditions d'hébergement au sein de l'établissement, qualifiées de «rudes» par l'instruction, étaient constitutives de violences aux yeux de la loi. Les corvées et punitions ont, en revanche, été retenues comme pouvant être qualifiées à ce titre.
Une cinquantaine de victimes
L'abbé, tenant d'un catholicisme qu'il a décrit lui-même comme «traditionnel», a aussi été condamné à verser 20.000 euros de dommages-intérêts et de remboursement de frais d'avocat à trois familles qui s'étaient constituées parties civiles.
Au total, selon les enquêteurs, une cinquantaine d'enfants et adolescents ont subi des violences entre mars 2014 et la fermeture de l'Angélus en juin 2017.
Selon la multitude de témoignages de mineurs, mais aussi de professeurs et de bénévoles, les brimades, humiliations, coups et corvées étaient nombreux au sein de l'établissement, qui accueillait des élèves de la primaire au lycée, dont une partie en internat.
Deux surveillants, jugés eux aussi pour des violences moindres ont été plus légèrement condamnés : 6 mois de sursis pour l'un, une dispensation de peine pour l'autre.
Dans un autre volet du dossier, l'abbé Spinoza a été reconnu coupable d'avoir eu recours à du travail dissimulé au sein de l'établissement, notamment pour certains enseignants.
Il a été condamné à payer quelque 100.000 euros de dommages-intérêts à l'Urssaf, correspondant aux cotisations sociales éludées sur la période de prévention. L'ancien directeur ne s'est pas présenté à l'énoncé du jugement.