L'attente est trop longue et le sentiment d'abandon est trop grand. Parce qu'ils sont tous riverains de scènes ouvertes de deal et de consommation de crack et parce qu'ils en souffrent depuis des mois, 17 collectifs, 9 associations et 1 musée ont écrit un courrier au président de la République.
Dans cette lettre adressée directement à Emmanuel Macron, ces riverains font état de la «situation alarmante» qui se déroule sous leurs yeux et qui ne cesse, selon eux, de s'aggraver, avec «les évacuations successives de regroupements de toxicomanes» ainsi que «la fermeture des commerces, la paupérisation des quartiers et la fuite des habitants qui le peuvent dans tous les points de concentration du deal et de la toxicomanie».
Un point de vue qu'ils essaient également de défendre, dans une pétition mise en ligne sur change.org et signée par plus de 6.000 personnes qui disent «non à Paris, capitale du crack et de la toxicomanie». Et exigent tout simplement «l’application ferme de la loi, qui en France n’autorise ni la consommation, ni le trafic de stupéfiants».
Contre l'ouverture de nouveaux centres d'accueil
De fait, ces riverains se positionnent contre l’ouverture de nouveaux espaces d'accueil et de prise en charge des toxicomanes, comme l'envisagent la municipalité parisienne mais aussi le gouvernement puisque le Premier ministre Jean Castex s'y est également montré favorable. Mi-septembre, le chef du gouvernement avait en effet donné son feu vert à «la création de nouveaux lieux dédiés à l'accueil et au repos [...] sous réserve d’une offre et d’une localisation adaptées».
Jean Castex avait même annoncé vouloir «offrir aux consommateurs des lieux de repos et un parcours de sevrage de qualité» tout en poursuivant le déploiement de «l'offre de soins», déjà proposée dans le cadre du plan crack signé en 2019 entre l'Etat et la Ville.
«Résultats très limités du plan crack»
Une solution rejetée par les riverains, qui évoquent dans le courrier adressé au président de la République les «résultats très limités du plan crack» dans la mesure où, selon eux, «ni le trafic, ni les violences et la délinquance liés à cette drogue n'ont été enrayés».
Ils fustigent également la salle de consommation à moindres risques (SCMR) ouverte en 2016, près de la Gare du Nord, à Paris, et qui, d'après leurs dires, «enregistré aucune sortie de l'addiction mais a accru les nuisances et la délinquance liés au deal et à la consommation de drogue».
Ensemble, ces collectifs d'habitants se positionnent surtout contre la création de nouvelles HSA (Haltes Soins Addiction) à Paris, qu'ils estiment être des «salles de consommation "supervisée"», dont la présence dans un quartier y entraîne «inévitablement du trafic avec son cortège de nuisances».
Voici en intégralité la lettre que 17 collectifs, 9 associations&1 théâtre ont adressée, dans une démarche citoyenne, au Président @EmmanuelMacron concernant la crise du crack et l’article 43 du Projet de Loi de Finance de la Sécurité Sociale @JeanCASTEX @olivierveran @GDarmanin pic.twitter.com/zCXpikXH2X
— Collectif19 (@Collectif191) November 2, 2021
In fine, ils réclament donc à Emmanuel Macron un «un engagement fort et rapide en vue d'une politique nationale» qui doit à la fois «accompagner l'addiction de manière "sécurisée", tournée vers l'exigence de résultats durables en faveur des toxicomanes» et proposer une «action résolue de la police contre les trafiquants et leurs méfaits».
Distillant à leur tour quelques propositions pour régler le problème du crack à Paris, ils soulignent que «d’autres voies que ces HSA méritent d’être explorées», comme «celle des communautés thérapeutiques dont les résultats sont probants». «Éloignées des concentrations urbaines», écrivent-ils, «elles permettent aux addicts de rompre avec les milieux de la consommation et du trafic, tout en assurant leur réinsertion sociale et professionnelle».