Lorsque des migrants sont expulsés de leur lieu de vie, il existe un protocole pour leur rendre leurs affaires après évacuation. Mais, selon les associations qui leur viennent en aide à Calais, ce n'est qu'un «écran de fumée». Aussi, ce lundi 18 octobre, elles dénoncent ce qu'elles estiment être du «vol».
L'Auberge des migrants, Salam, Women's refugee Center et d'autres organisations ont recensé 849 expulsions entre janvier et septembre 2021. Autant de procédures lors desquelles les migrants sont dépossédés de leurs effets personnels qui, selon le protocole mis en place en 2018 par la préfecture, doivent être entreposés dans une «ressourcerie» jusqu'à ce que leurs propriétaires viennent les récupérer.
Ce matin à #Calais, 7 nouvelles expulsions ont eu lieu.
Comme chaque fois, et malgré la pluie, le fourgon de l'équipe de nettoyage mandatée par l'#Etat était rempli d'#abris et d'affaires personnelles pris aux personnes #exilées. Parmi celles-ci, plusieurs téléphones portables. pic.twitter.com/DFktO3nkRG— Human Rights Observers (@HumanRightsObs) October 3, 2021
Mais, dans les faits, ce système ne fonctionne pas, selon les associations. Pire, il «permet à l'Etat de légitimer un vol systématisé et institutionnalisé». Dénonçant «des entraves toujours grandissantes mises en place par la préfecture du Pas-de-Calais», les militants en dressent la liste : les horaires d'ouverture très restreints, l'obligation pour les migrants de se faire accompagner par un organisme autorisé, ou encore la difficulté à retrouver les biens d'une personne «parmi plusieurs tonnes d'autres amassés dans des conditions insalubres».
D'après leurs données, le problème est tel que «sur le peu de personnes ayant eu accès à ce dispositif» en 2020, «72,6% n'ont pas retrouvé ces effets de valeur». Un chiffre particulièrement élevé qui, selon les associations, s'explique en partie par le fait que les forces de l'ordre ordonnent «de manière récurrente [...] aux personnes de quitter la zone expulsée sans leur laisser la possibilité» de récupérer l'intégralité de leurs affaires.
Des militants en grève de la faim
Ce, alors même que le protocole stipule que les migrants doivent pouvoir rassembler leurs effets personnels au début des opérations d'expulsion. A cela s'ajoute le fait que «de nombreux sac à dos sont saisis pleins par les équipes de nettoyage et sont, par la suite, retrouvés vides», soulignent les militants.
Enfin, la concomitance des expulsions avec les distributions de repas de l'opérateur de l'Etat La Vie Active, jugée de plus en plus fréquente, ne fait que renforcer le problème. Les association soulignent en effet que cela oblige les migrants à «choisir entre protéger leurs biens ou avoir accès à l'eau et à la nourriture». Pour dénoncer cette situation, trois militants ont entamé une grève de la faim il y a huit jours.
Ce Collectif Faim aux Frontières a en parallèle lancé une pétition dans laquelle il demande «l'ouverture d'un dialogue citoyen raisonné entre autorités publiques et associations» concernant «la constante dégradation des conditions de vie» des migrants à Calais. La «suspension des expulsions quotidiennes» et l'«arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels» pendant la trêve hivernal font partie de leurs revendications.