Parce que «le bruit pourrit la vie des Parisiens», et «est source de stress et de fatigue», la municipalité va lancer un grand plan de lutte contre la pollution sonore. Présenté ce mardi 5 octobre, il sera doté de 30 mesures, dont la moitié concernera les bruits liés à la circulation routière et l’autre moitié les bruits dits «de voisinage», dus aux livraisons et aux chantiers.
L’objectif du plan d'amélioration de l'environnement sonore est «très ambitieux», explique Dan Lert, l’adjoint parisien chargé de la transition écologique, puisqu’il s’agit de «réduire de 37 % les nuisances sonores dans la capitale d’ici à 2026». Un chiffre qui peut paraître «très abstrait» selon lui mais «énorme en termes de personnes».
L'adjoint d'Anne Hidalgo souligne d'ailleurs «la politique extrêmement volontariste de la ville [...] qui dépasse les obligations réglementaires» et «propose un plan à 360° qui s'attaque à la pollution dans toutes ses dimensions». Il entend ainsi «s'attaque[r] aux inégalités socio-environnementales», alors que, selon lui, plus un Parisien vit «dans une zone multi-exposée aux pollutions de l'air et sonores», plus il est «vulnérable».
Et «problème numéro 1» de la municipalité, «c'est le bruit routier». Pour lutter contre, ce plan s’appuie sur des mesures déjà mises en place, telles que l’abaissement à 30 km/h de la vitesse max autorisée en ville, soulignant qu’en passant de 50 km/h à 30 km/h, la pollution sonore liée à la circulation automobile était divisée par deux ou encore l’évincement des véhicules les plus anciens et donc les plus bruyants grâce à la mise en place de la ZFE (Zone à faibles émissions) et l’instauration de la vignette Crit’air.
Des expérimentations en cours
En parallèle, la municipalité va mener plusieurs expérimentations, qui seront – si elles sont concluantes – étendues à tout Paris. Parmi elles, l'une, déjà en place depuis fin 2018 dans les 8e et 15e arrondissements de Paris, consiste à installer un revêtement de voirie moins bruyant et seulement 10 % plus cher qu'un asphalte classique.
L'autre repose sur l’installation de radars anti-bruit, qui seront testés à partir de novembre, et ce, dans le but de «verbaliser à terme les véhicules trop bruyants, notamment les deux-roues motorisées». Pour l'instant, deux sites sont concernés : rue Cardinet (17e) et rue d'Avron (20e), où des tests sans verbalisation seront menés dans un premier temps.
Les terrasses, livraisons et chantiers dans le viseur
Concernant les bruits dits «de voisinage», Dan Lert est notamment revenu sur le problème des terrasses des bars et restaurants parisiens – qu'elles soient éphémères ou non – assurant qu'il fallait «trouver un point d'équilibre entre Paris qui est une ville vivante et la tranquilité des riverains».
Pour cela, l'élu écologiste du 19e arrondissement prévoit de «doubler les capteurs méduses dans les 8 quartiers les plus festifs de Paris» permettant ainsi «d'objectiver les nuisances sonores et d'améliorer la médiation entre les riverains, les mairies d'arrondissement et les exploitants de ces terrasses». Il prévoit également des «actions renforcées» de la future police municipale qui, via ses nouvelles prérogatives, «va pouvoir contrôler et sanctionner» les contrevenants.
Concernant les livraisons, la municipalité veut «déployer les livraisons silencieuses» en aidant les professionnels à s'équiper de véhicules propres et moins bruyants. Enfin, du côté des chantiers, elle souhaite «développer les chantiers à moindres nuisances sonores» et porter une attention toute particulière à ceux «se déroulant la nuit et le week-end»
Autant de mesures qui seront contrôlées et sanctionnées, selon l'adjoint, grâce à «la montée en puissance de la police municipale». Si ce projet doit être soumis au vote des élus au prochain Conseil de Paris qui s'ouvre ce mardi 12 octobre, la version finale du plan anti-bruit ne sera pas votée avant le début de l’année 2022.