La mort d'Adama Traoré lors de son interpellation à Beaumont-sur-Oise, le 19 juillet 2016, a signé pour sa soeur, Assa Traoré, le début d'un combat qui se poursuit encore aujourd'hui. Lundi 27 septembre, la jeune femme a déposé plainte contre une juge d'instruction.
Elle l'accuse de «dissimulation de preuves, faux en écritures publique et tentative d'escroquerie au jugement». Dans le cadre de cette nouvelle procédure, relayée par franceinfo, Assa Traoré fait référence à un rapport d'expertise rendu le 13 janvier 2021 et réalisé par des médecins belges «à la demande des magistrats instructeurs».
Le document en question concluait que la mort d'Adama Traoré était dûe à une «asphyxie de contrainte» liée à une «compression thoraco-abdominale» après des «manoeuvres d'immobilisation à caractère potentiellement asphyxiant».
Le 29 juin 2021, soit cinq mois après cette première expertise, Françoise Foltzer, la juge d'instruction, avait requis un «complément d'expertise» auprès de ces mêmes experts belges. Leur fournissant un dossier médical d'accident de travail d'Adama Traoré, elle leur demandait «d'indiquer si ces éléments étaient de nature à modifier les conclusions de leur précédente expertise».
Des «manoeuvres illégales»
Un dossier médical d'accident de travail qui, selon la famille Traoré, n'a jamais figuré dans le dossier d'instruction. Surpris de le voir «apparaître» cinq ans après la mort d'Adama Traoré, les proches du jeune homme ont demandé l'ouverture des scellés. Ce qui leur a été refusé.
«C'est la première fois de ma carrière que l'on me refuse l'accès à un dossier», affirme Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille, auprès de franceinfo. Il accuse la juge d'instruction d'entreprendre «des manoeuvres illégales». De son côté, Assa Traoré considère que le complément d'expertise réclamé par la juge «vise à remettre en cause les conclusions de l'expertise précédente».
Mardi 28 septembre, la jeune femme s'est directement rendue au tribunal judiciaire de Paris pour demander à avoir accès aux nouveaux éléments du dossier. Dénonçant des pressions exercées sur les experts médicaux, la famille d'Adama Traoré indique ne jamais avoir «entendu parler de cet accident du travail». La plainte précise que, tant que l'accès à ce dossier médical leur sera refusé, les parties civiles considèreront «qu'il n'existe pas ou qu'il s'agit de documents falsifiés».