30% des moins de 24 ans ont déjà eu des envies suicidaires au cours de ces derniers mois. Un constat d'autant plus inquiétant que tous ne sont pas suivis par des professionnels.
Seul un tiers des malades est pris en charge, d'après le baromètre publié par Europe 1 à l'occasion des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie. Le reste fait face à la dépression sans accompagnement médical. Les raisons sont multiples : peur d'en parler, coût des consultations, mais aussi saturation du secteur psychiatrique.
Celui-ci est handicapé depuis plusieurs années par un manque de moyens et de personnel. La situation est critique, encore plus depuis le début de la crise sanitaire, qui a augmenté sensiblement le nombre de personnes touchées par des troubles psychiatriques. Les Assises de la santé mentale de ces 27 et 28 septembre devraient apporter des solutions à la profession.
Au menu de cette grande réunion : le remboursement des consultations chez le psychologue par l'Assurance maladie. Portée par les syndicats, cette mesure permettrait à la fois de désengorger les services psychiatriques en hôpitaux, et de lever un frein financier pour de nombreux malades. Les professionnels espèrent également un plan d'urgence pour la psychiatrie publique. «C'est simple, il faut tout restaurer, et pour ça, il nous faut un grand plan avec des milliards», estime Norbert Skumik, président de l'Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp).
Une situation aggravée par la pandémie
Les demandes de consultation sont en hausse depuis le début de la crise sanitaire. Les jeunes font partie des plus touchés. En janvier, 2 jeunes sur 3 estimaient que la pandémie aurait «des conséquences négatives sur leur propre santé mentale», selon une étude de FondaMental. Les hospitalisations des moins de 15 ans pour dépression, elles, avaient augmenté de 80% en mars dernier.
«Cette augmentation des demandes est considérable», avait alors commenté pour CNEWS Patrice Huerre, pédopsychiatre. «Dans ces âges-là, on se construit beaucoup par rapport aux autres, pas seul dans sa chambre (...) donc il y a un manque flagrant de possibilités d'expérimenter des modes de relation qui permettent de grandir, et ça, c'est très douloureux.»
Près de 700.000 personnes se suicident chaque année dans le monde, selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le suicide est d'ailleurs la quatrième cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 19 ans.