Depuis ce lundi 13 juin se tiennent les plaidoiries de la défense des treize coaccusés du procès des attentats du 13-Novembre. Olivia Ronen, avocate de Salah Abdeslam au côté de Martin Vettes, et qui a déclenché une polémique en marge du procès, sera observée.
Une jeune avocate éloquente
Olivia Ronen n'est pas la première avocate venue. En effet, la jeune femme âgée de 31 ans est une ancienne secrétaire de la Conférence du barreau de Paris. Elle a obtenu ce titre en participant à un concours d'éloquence renommé pour les jeunes avocats. Les douze meilleurs obtiennent un titre de secrétaire, ce qui en dit long sur son talent.
Dans un portrait que France Inter lui avait consacré, le média dépeint une avocate déterminée, qui ne lâche rien quel que soit le sujet, et qui n'a pas été épargnée par les épreuves de la vie. Elle porte en effet sur son poignet gauche un tatouage en hommage à sa sœur, polyhandicapée et décédée il y a près de dix ans.
une expérience des dossiers terroristes
En tant que secrétaire de la Conférence, elle s'est retrouvée à défendre Erwan Guillard, un ancien militaire breton accusé d'avoir rejoint Daesh en Syrie. Depuis, un tiers de son emploi du temps est consacré à des dossiers terroristes. Y compris des affaires de terrorisme d'extrême droite. Olivia Ronen s'est notamment dit particulièrement marquée par le suicide d'un de ses clients, qui a été retrouvé mort dans sa cellule à Fleury-Mérogis alors qu'il était mis en examen dans le cadre de l'attentat de Nice.
Des propos polémiques pour défendre «l'humanité» de Salah Abdeslam
Olivia Ronen ne craint pas l'image que ses clients peuvent donner d'elle. «Plus les faits sont graves, plus la défense doit être totale, sans concessions. Il faut y aller à 100%, ne pas avoir peur de déplaire ou de choquer», avait-elle expliqué à RTL avant le début du procès.
Elle a d’ailleurs été au cœur d’une polémique après avoir expliqué les raisons de son choix de défendre Salah Abdeslam. «Je n’ai pas hésité très longtemps parce que j’ai vu qu’il y avait quelque chose à faire, j’ai vu que le contact était bon, contrairement à toutes les idées que l’on avait pu se faire. C’est quelqu’un qui est très humain, quelqu’un avec qui on peut discuter. Et c’est quelqu’un avec qui ont peut construire quelque chose», avait-elle expliqué. Elle avait ajouté être «contre les idées toutes faites, qui viennent dire qu’une personne est à exclure de l’humanité, que c’est un monstre, que c’est quelqu’un d’inhumain. Non, je pense que les faits qui lui sont reprochés sont au contraire très humains et que ça mène à les comprendre, à les penser un peu différemment».
De nombreuses personnes, et des groupes politiques comme Reconquête, avaient alors jugé que ses mots banalisaient la participation de Salah Abdeslam au commando qui a assassiné 130 personnes et qu’il était dangereux de considérer son action comme quelque chose d’humain.
Un procès très tendu
«Ce procès lui a permis de fissurer l'image préfabriquée qu'on avait de lui et que les six années de silence ont consolidé», a déclaré Olivia Ronen, avec son confrère Martin Vettes, en se félicitant des mots de leur client lors du procès, qui a présenté ses «condoléances» et ses «excuses» aux victimes des attentats.
Elle a néanmoins déploré certains incidents d'audience, qui ont, selon elle, nuit à la sérénité des débats (questions offensives des avocats des parties civiles, réponses provocantes de Salah Abdeslam, commentaire du président de la cour d’assise, applaudissements dans la salle d’audience).
Reste désormais à savoir comment elle a préparé, avec son confrère, la plaidoirie pour défendre son client, contre qui la réclusion perpétuelle incompressible a été requise.