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Explosion de la rue de Trévise : une nouvelle expertise rebat les cartes

Plus de deux ans et demi après le drame, l'enquête est toujours en cours pour déterminer les causes de l'explosion. Plus de deux ans et demi après le drame, l'enquête est toujours en cours pour déterminer les causes de l'explosion. [© Thomas SAMSON / AFP]

Alors qu'on croyait l'explosion de gaz de la rue de Trévise – qui avait fait 4 morts et 66 blessés le 12 janvier 2019 – due à la fuite d'un collecteur d'eaux usées, une nouvelle expertise semble pointer du doigt un défaut «en surface», au niveau de la voirie.

Ce sont en tout cas les conclusions d'un rapport rédigé par un spécialiste en géotechnique missionné par le tribunal de Paris pour expertiser les sols de la rue de Trévise. «Il semblerait que l'origine du sinistre soit à rechercher en surface, en voirie», peut-on lire dans cette note datée du 28 juillet dernier et diffusée par Le Parisien ce lundi 6 septembre.

«La recherche du ou des moteurs de décompaction des remblais est à rapprocher d'un événement sur trottoir ou au niveau du caniveau», conclut de fait le spécialiste au terme d'une trentaine de pages d'expertise. Un rebondissement qui pourrait rebattre les cartes, alors que la justice est toujours à la recherche du ou des causes du sinistre.

«Honnêtement, c'est un peu l'ascenseur émotionnel», confie Linda Zouarar, la directrice des hôtels Ibis Style et Mercure de la rue de Trévise et présidente de l'association des Victimes et rescapés de l'explosion de la rue de Trévise (Vret), qui assure que cette nouvelle expertise ne peut pas être considérée comme «fiable» dans la mesure où il s'agit d'une expertise au civil qui n'a pas été réalisée dans les mêmes conditions qu'une expertise pénale

«C'est une expertise qui ne peut être prise en compte. Les experts au pénal sont arrivés avant et ont mis sous scellé des éléments clés, et sans ces éléments, on ne peut pas sortir une expertise fiable», explique-t-elle.

La ville de Paris et le syndic toujours mis en examen

Pour rappel, dans cette enquête menée par des juges d'instruction parisiens, la mairie de Paris et le syndic de copropriété de l'immeuble ont été mis en examen pour «homicides et blessures involontaires» et «destruction, dégradation ou détérioration par l'effet d'une explosion ou d'un incendie». Des experts mandatés par la justice avaient relevé, dans un premier rapport, des «manquements» du service de voirie de la ville, sans incriminer GRDF.

Ils avaient de nouveau pointé un «défaut de vigilance» de la ville de Paris, dans leur rapport définitif rendu en mai 2020, et mis aussi en cause le syndic de copropriété de l'immeuble ainsi que Fayolle, l'entreprise de BTP chargée en novembre 2016 d'effectuer des travaux sur le trottoir. Cette dernière a été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté dans l'enquête qui se poursuit.

Les victimes dans l'attente d'une indemnisation

Une attente interminable pour les victimes, qui souhaitent désespérément être indemnisées pour se reconstruire. Début août, un médiateur avait d'ailleurs été désigné par le tribunal judiciaire de Paris afin d'obtenir un accord sur l'indemnisation des sinistrés. «Une médiation est en place», avait alors confirmé Me Olivier Morice, l'avocat de 17 parties civiles, sans donner plus de détails sur le contenu de sa mission.

Proposée par la présidence du tribunal judiciaire de Paris, cette médiation a pour objectif de réunir les différentes parties – c'est-à-dire les victimes, la Ville de Paris, les copropriétés, les assureurs ou encore GRDF... – afin d'aboutir à un accord d'indemnisation. À ce sujet, Linda Zouarar n'est pas spécialement enthousiaste. Selon elle, le dossier «tourne en rond» voire pire, «repart à zéro».

Avec la nomination d'un médiateur, toutes les victimes doivent être entendues. À nouveau. «Il faut que le médiateur entende tout le monde, que des réunions soient mises en place et encore une fois, que les victimes expliquent leurs problèmes», regrette la présidente du VRET, qui martèle que ce sont de vraies «épreuves pour les victimes de devoir se confronter à ce qu'elles ont subi».

Et de conclure : «Comme l'a dit le juge, il faut de la bonne volonté pour faire une bonne médiation. Sauf qu'à tout moment, l'une ou l'autre des parties peut se retirer de cette médiation». «On ne sait pas si ça va aboutir», souligne Linda Zouarar.

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