Pas loin de 600 sans-abri, qui ont passé la nuit place des Vosges, dans le Marais, à Paris, ont été évacués ce vendredi 30 juillet. La veille, ils s'étaient installés là à l'initiative du collectif Réquisitions, pour dénoncer le non-respect du droit au logement.
Et la solution d'hébergement a été proposée par la municipalité parisienne, qui a appelé – par la voix de Léa Filoche, l'adjointe à la mairie de Paris chargée des solidarités et des affaires sociales – l'Etat à trouver «des solutions dignes d'hébergement». À l'initiative de plusieurs associations qui viennent en aide aux migrants, sans-papiers et sans-abri, environ 600 d'entre eux avaient été installés dans des tentes ce jeudi 29 juillet, sur la très célèbre place des Vosges, dans le Marais, à Paris.
Évacués vers deux gymnases
«Les sans-abri vont être renvoyés vers deux gymnases et le Paris Event Center», une halle d'exposition de la Villette transformée en structure d'accueil d'urgence, a expliqué Léa Filoche, ajoutant qu'un diagnostic social devait par ailleurs être établi «dès la fin de matinée» par l'association France terre d'asile auprès des 350 familles, dont plus de 120 enfants présents.
Une fois de plus, la Ville de Paris va au-delà de ses compétences pour prendre en charge les personnes qui occupaient la Place des Vosges.
377 personnes vulnérables (familles avec enfants, femmes isolées) sont hébergées. pic.twitter.com/q8PQeDZsdm— Ian Brossat (@IanBrossat) July 30, 2021
Selon la municipalité parisienne, il s'agirait principalement de «primo-arrivants, des gens légalement présents sur le territoire, globalement un public en grande précarité».
«400 personnes sans-abri, dont des dizaines d’enfants, se sont installées sous des tentes, place des Vosges, à Paris», avait ainsi communiqué en début d'après-midi ce jeudi 29 juilet Utopia 56, l'une des associations organisatrices de ces opérations coup de poing. «Au lendemain des 70 ans de la convention de Genève, nous demandons à l’État le respect des lois dont l'hébergement immédiat de tous», a-t-elle fait savoir.
«Nous avons choisi ce lieu car c'est un lieu touristique à Paris. Nous voulons montrer une autre face de Paris», s'est ainsi justifié Pierre Mathurin, le coordinateur parisien d'Utopia 56, qui milite pour «rendre visibles les invisibles» et ce, y compris, «dans les quartiers chic».
Des familles sans solution d'hébergement
Sur place, plusieurs familles de migrants mais également de personnes munies de carte de séjour mais sans solution d'hébergement avaient donc pris possession des lieux, dans le jardin de la place des Vosges, plutôt habitués aux bandes de copains et aux touristes. Là, des tentes de camping avaient été installées en nombre, alors que les associations s'organisaient pour assurer leur sécurité et leur ravitaillement. Des petit-déjeuners ont d'ailleurs été distribués vendredi matin par les services municipaux.
400 personnes sans abri, dont des dizaines d’enfants, se sont installées sous tentes place des Vosges à #Paris. Au lendemain des 70 ans de la convention de Genève, nous demandons à l’État le respect des lois dont l'hébergement immédiat de tout·es ! https://t.co/94pXupNzJR pic.twitter.com/71NdrcOTxO
— Utopia 56 (@Utopia_56) July 29, 2021
Occupation en cours de la place des Vosges à Paris par le Collectif #Réquisitions avec plus de 400 pers. sans-abri dont des familles avec enfants pour demander l’hébergement immédiat jusqu’au relogement de touTEs et l’application de la loi de réquisition ! 1toit=1droit! pic.twitter.com/iLWQXZkXaV
— Droit Au Logement (@federationdal) July 29, 2021
Dans un communiqué, Utopia 56 avait de son côté réclamé à l'Etat «des solutions d’hébergement dignes et pérennes, conformément à la loi», alors que «le contexte de grave crise sanitaire» n'a fait selon l'association «qu'aggraver la situation», et ce, «à la place d’une orientation vers une solution de stabilisation ou un relogement, comme le prévoit également la loi».
Et de prévenir : «les personnes sans-abri ainsi que le collectif Réquisitions resteront sur place jusqu’à l’obtention pour tous d’un hébergement digne, dans l’attente de leur relogement».
Il s'agit de la septième action – appelée «installation de rue» – menée depuis décembre 2020 par le collectif Réquisitions, qui a occupé successivement une école maternelle désaffectée de la rue Erlanger (16e), l'Hôtel-Dieu, le gymnase Japy dans le 11e ainsi que la place de la République, à plusieurs reprises.