Alors que l’abstention lors du premier tour des régionales a atteint un record, le désintérêt des citoyens inquiète.
Jamais une élection sous la Ve République n’avait attiré aussi peu de monde dans les urnes (hors référendum). Lors du premier tour des régionales, ce dimanche 20 juin, deux Français sur trois ne sont pas allés voter. Un taux d’abstention de 66,72%, dont l’ampleur est devenue la principale information du scrutin. Face à cette désertion, le gouvernement et les partis politiques tentent désormais de réveiller les électeurs, dont un grand nombre semble leur avoir tourné le dos.
Jean Castex a rapidement lancé un «appel solennel» aux Français, pour qu’ils se mobilisent dimanche prochain, à l’occasion du prochain tour. «Faire gagner l'abstention, c'est faire perdre la démocratie», a-t-il estimé lundi. «Nous devons tous, collectivement, la combattre. Ce n'est pas une formule mais une exigence républicaine». Si le Premier ministre est dans son rôle en déplorant cette participation historiquement faible, son intérêt est également politique.
Un décrochage massif
L’abstention est en effet perçue comme le symbole d’un désintérêt, voire d’un désamour de la population envers ses représentants. Alors que les élections régionales proposent des listes balayant l’ensemble de l’échiquier politique français, 26 % des abstentionnistes ont en effet indiqué qu’aucune d’entre elles ne correspondait à leurs attentes et 20 % que la politique ne les intéresse pas, a pointé un sondage OpinionWay pour CNEWS.
Ce «décrochage» d’une part importante des citoyens a de quoi inquiéter les responsables des partis, d’autant que la présidentielle se déroulera dans moins d’un an. Il pourrait rendre la course à l’Elysée encore plus incertaine, en fonction du comportement de ces électeurs pour le moment muets (un candidat «surprise» pourrait par exemple les convaincre).
D’autant que si les Français les plus jeunes sont les principaux concernés par cette abstention (84% des 18-24 ans n’ont pas voté), celle-ci a augmenté dans toutes les strates de la société, par rapport à la précédente élection régionale de 2015 : cadres, catégories populaires, citadins, ruraux, tous ont vu leur participation tomber en flèche. Même les supporters des extrêmes, que l’on dit habituellement plus prompts à se déplacer aux urnes, ne l’ont pas fait cette année.
Quelles solutions ?
Face à cette vague abstentionniste, le monde politique tente de réagir. Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a promis hier que «des initiatives en ce sens» seraient proposées «dès la semaine prochaine». Certaines pistes sont déjà connues. Le gouvernement avait tenté d’introduire cet hiver l’idée d’un vote par Internet, pour le prochain quinquennat. Il permettrait de ne pas avoir à se déplacer, simplifiant la démarche. Un système qui pourrait séduire les plus jeunes. S’exprimer par anticipation est une autre possibilité. L’idée est de permettre aux personnes n’étant pas disponibles le dimanche électoral de pouvoir s’exprimer quelques jours auparavant.
La question de la prise en compte du vote blanc revient aussi avec insistance. En effet, de nombreux électeurs qu’aucun candidat n’a convaincu préfèrent actuellement s’abstenir plutôt que de glisser un bulletin qui n’aura de toute façon pas d’incidence sur le résultat final. Mais ces solutions s’attaquent à la forme, au risque de délaisser le fond...