Des éléments qui contredisent le mari. Ce vendredi 18 juin, le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzéari, tenait une conférence de presse concernant la disparition de Delphine Jubillar.
Cette prise de parole, faite vers 16h45, intervenait peu après que le mari de la jeune femme, Cédric, ait été mis en examen pour meurtre aggravé.
Un coup de théâtre six mois après la disparition de Delphine, volatilisée dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, près d'Albi (Tarn).
Aux yeux des enquêteurs, Cédric Jubillar apparaît désormais comme le principal suspect.
LA PISTE CRIMINELLE PRIVILÉGIÉE
Selon le procureur de la République, «il a été établi que c'est une disparition qui a peu de chances d'être volontaire». S'appuyant sur le profil de Delphine Jubillar, qui comptait divorcer de son mari pour s'installer avec un nouveau compagnon, qui aimait son métier et qui avait fait des plans pour le futur, la piste du suicide ou d'une disparition volontaire a été écartée.
De plus, les recherches menées par les forces de l'ordre, appuyées par un dispositif matériel très important, écartent les thèses d'une chute ou d'un accident. Présent lors de la conférence de presse, le colonel Philippe Coué, de la section de recherches de Toulouse, a expliqué que c'est «après avoir fermé toutes les hypothèses» qu'une interpellation de Cédric Jubillar a été décidée.
«Des explications évolutives»
Avant de dévoiler différents éléments de l'enquête, Dominique Alzéari a souligné que la version des faits de Cédric Jubillar avait changé. Celui-ci a «fourni des explications évolutives, pour ne pas dire contradictoires, infirmées parfois par des témoignages ou des éléments scientifiques» a ainsi expliqué le procureur de la République de Toulouse.
Parmi celles-ci, l'on retrouve notamment la déclaration selon laquelle le couple était en bons termes et ne s'était pas disputé le soir de la disparition. Interrogé par la police, son fils de 6 ans assure le contraire, parlant d'une violente dispute peu après s'être couché pour s'endormir, aux alentours de 23 h.
Un comportement suspect
Outre ses déclarations, le comportement de Cédric Jubillar a interpellé les forces de l'ordre. Lors de l'arrivée sur place de la gendarmerie au milieu de la nuit, le mari était en train de lancer une machine à laver avec la couette utilisée par sa femme, qui dormait sur le canapé. De plus, le podomètre du téléphone de Cédric Jubillar montre que celui-ci n'a effectué que 40 pas avant d'appeler la police, ce qui démontre «une recherche sommaire», d'après le magistrat. Ainsi, le tour de la maison et du jardin avec les forces de l'ordre aura constitué plus de 300 pas sur son smartphone.
La voiture de Delphine Jubillar fait également partie de l'enquête. D'après les témoignages des voisins, le véhicule a été déplacé dans la nuit, puisqu'il était en marche avant, alors que Delphine Jubillar le plaçait toujours en marche arrière le soir de manière à être prête à partir le lendemain matin. De plus, des traces de condensation ont été retrouvées dans la voiture. Cependant, aucune trace de sang n'a été retrouvée dans la maison ou dans le véhicule en question.
Une expertise psychologique à venir ?
Dans sa prise de parole, Dominique Alzéari a estimé qu'une expertise de la personnalité du suspect était nécessaire. Le procureur a expliqué que l'homme était dans une «forme de déni» et qu'il s'était rapidement mis à parler de sa femme au passé. Un comportement qui nécessite une expertise d'après le magistrat.
Les enquêteurs ont également trouvé des preuves montrant un comportement particulièrement intrusif chez Cédric Jubillar. L'homme a par exemple tenté de géolocaliser son épouse par le passé, surveillait son compte en banque pour vérifier ses dépenses et lui demandait régulièrement où celle-ci se rendait.