Le Comité consultatif national d'éthique a publié ce 9 juin un communiqué concernant la vaccination des adolescents. L'instance «regrette» que le gouvernement ait pris une décision dans l'«urgence».
La semaine dernière, Emmanuel Macron a en effet annoncé que les 12-18 ans pourraient se faire vacciner à partir du 15 juin prochain. Une décision prise sans attendre l'avis du Comité, pourtant réclamé par le ministère de la Santé à la fin du mois d'avril.
Dans un communiqué, accompagnant son avis rendu ce 9 juin, l'instance déplore donc «que les décisions aient été prises si rapidement». «Y avait-il une urgence absolue à commencer la vaccination dès maintenant, alors que plusieurs indicateurs sont au vert et que la rentrée scolaire de septembre pourrait signer le début de la campagne ?», s'interroge le Comité.
Concernant la vaccination en elle-même, l'organe consultatif estime que son «bénéfice individuel» est «limité pour la santé physique» des adolescents, qui développent moins de formes graves du coronavirus. Il pointe toutefois «les conséquences de la pandémie sur la santé psychologique et mentale».
Il rappelle toutefois également que l'immunité collective semble difficile à atteindre sans passer par la vaccination des mineurs de plus de 12 ans, déjà mise en place dans plusieurs pays, comme les Etats-Unis ou le Canada.
Reste cependant des questions en suspens : «Est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de la vaccination (ou de la difficulté d’y accéder) d'une partie de la population adulte ? N’y a-t-il pas une sorte d’incitation à la vaccination pour retrouver liberté et retour à la vie normale ? Quel risque de stigmatisation pour les adolescents qui ne souhaiteraient pas y avoir recours ? Ne risque-t-on pas de briser leur confiance si le retour à la vie normale était compromis par l’arrivée de nouveaux variants ?» Des interrogations qui trouveront peut-être leurs réponses dans les mois à venir.